Sans être au niveau de son illustre modèle (on en est même très, très, très loin), l’adaptation coréenne du chef d’œuvre de Sergio Leone n’est pas dénuée d’intérêt. Outre l’histoire qui est adaptée - pas de révélation au chevet d’un mourant mais une carte au trésor récupérée par exemple – le réalisateur a décidé de nous offrir un syncrétisme assez improbable de western spaghetti et de Mandchourie sous domination japonaise (ce qui n’est pas sans rappeler l’amusant « Les larmes du tigre noir » thaï, ou le plutôt navrant « Sukiyaki western Django » nippon, autant de repères marquant l’importance du genre dans le cinéma contemporain).
Ainsi, et c’est un des points faibles du film, l’histoire commence par un improbable imbroglio dont tout le monde se fout autour de la vente d’une carte au trésor d’un malfrat à un responsable d’une banque japonaise, malfrat envoyant en parallèle un tueur pour récupérer la dite carte, pour la revendre au plus offrant une deuxième suppute-t-on, tandis que l’armée pour l’indépendance de la Corée envoie elle un chasseur de primes la récupérer, le motivant par la présence du tueur dont la tête est mise à prix…
Rassurez-vous, ça n’intéresse personne, et sert uniquement à justifier la multiplication des intervenants dans l’histoire. Car ça ne s’arrête pas là : un voleur spécialisé a priori dans l’attaque de train vole la fameuse carte et tue les propriétaires japonais, tandis que le gang des bandits du marché fantôme au courant eux aussi de cette carte secrète (sic) se mettent à sa poursuite.
Résultat : on apprend que le tueur (la brute) recherche le voleur (le cinglé) pour se venger, que le tueur est recherché par le chasseur de primes (le bon), et que tous les autres recherchent le cinglé, car il détient la fameuse carte…
Tout ce merdier se résoudra dans une pâle copie de la scène du cimetière de Sad Hill, une fois les différents enjeux (sans grand intérêt je le répète) seront résolus.
Alors bon. Présenté comme ça, ça ne donne pas nécessairement envie, je le conçois, mais le film a d’autres qualités, notamment en terme de rythme et en particulier dans les ruptures de ton dont le cinéma coréen contemporain est coutumier : scène d’action plutôt sérieuse et premier degré subitement transformée en passage Benny Hill par une musique sortie de nulle part, subite sincérité d’un personnage jusque-là cantonné au rang d’idiot du village…
Du coup, sans atteindre des sommets, on ne boude pas son plaisir en suivant cet improbable bordel en stetson, se prenant presque d’affection pour les personnages, même le tueur au look définitivement impossible (qu’est-ce que c’est que cette mèche…), et on passe un moment agréable, même si le scénariste a tellement voulu mettre d’éléments disparates dans l’histoire qu’on se retrouve avec plusieurs arcs à peine évoqués et quasiment aucun de réellement clos.
Plutôt à conseiller donc, ne serait-ce que pour le côté particulièrement wtf de l’ensemble.