Je vous ai déjà parlé des films de kung-fu sortis chez nous avec des titres fleuris et audacieux, tels Ça branle dans les Bambous ou Nous y en a Riz le Bol. Sauf que là, non : Le Bras armé de Wang Yu contre la Guillotine Volante est bien une traduction à peu près fidèle du nom d'origine. Ce qui vous met directement dans l'ambiance.


Fung Sheng Wu Chi, maître aveugle de la guillotine volante au service de la nouvelle dynastie, est chargé de surveiller un tournoi d'arts martiaux risquant de servir de point de ralliement à des rebelles, à commencer par Liu Ti Lung (le titre français a préféré utiliser le nom de l'acteur), le célèbre boxeur manchot. Il se rend sur place, accompagné de mercenaires étrangers.


Dans le rôle principal, l'expert local en mutilation : Jimmy Wang Yu, déjà vu dans Un seul bras les tua tous, Le Bras de la Vengeance, et Zatoichi contre le Sabreur Manchot (et je suis sûr que vous n'aviez aucun doute que ce film existait). A la réalisation : Jimmy Wang Yu aussi. Nous pourrions penser que, avec un égo comme le sien, il se donnerait un beau rôle à sa démesure. Mais pas tant que ça, en réalité. Ou alors, il ne l'a pas fait exprès, et dans ce cas, il est un peu con. En effet, son personnage est un connard. L'honneur ? Qu'importe, tant qu'à la fin il gagne. Donc s'il sait que ses adversaires sont plus forts, pas de soucis : il leur tend un piège, les attire sur un terrain sur lequel ils seront fortement désavantagés, et il fait appel à tous ses disciples pour l'aider dans un combat épique à un contre vingt. Oui, mais, ce sont des méchants, c'est normal de les punir. Pour la pureté du kung-fu, vous vous êtes trompés d'adresse.


Pourtant, tout cela débutait de manière classique ou presque. Parce que beaucoup d'éléments de ce long-métrage détonnent, à commencer par le son : musique funk, rythmiques rarement entendues dans les productions HK de l'époque, et bruitages outranciers de revolver à chaque fois qu'un personnage donne un coup de poing. Mais cela participe grandement à l'ambiance. Ça et une réalisation que nous qualifierons gentiment d'avant-gardiste, à grand renfort de filtres roses, bleus, et ainsi de suite.


Le scénario peut se découper en deux parties. La première consiste en un tournoi d'arts martiaux qui, avant l'apparition du maître de la guillotine volante, multiplie indéfiniment le même schéma avec un montage minimal ; à savoir, des duels. Malgré cette redondance, cela fonctionne grâce à la diversité des styles de combat, et une recherche bienvenue chez certains protagonistes, en particulier chez les guerriers étrangers. Si vous cherchiez d'où venait Dhalsim, ne cherchez plus. Grand amateur de tournois et de combattants hauts en couleur, je n'ai pas été déçu.


La suite se focalise sur l'affrontement entre Liu Ti Lung et ses assassins, et même si celui-ci est définitivement un connard, certaines chorégraphies valent le coup d’œil, en particulier celle contre le mercenaire thaï.


Le Bras armé de Wang Yu contre la Guillotine Volante se situe souvent à la frontière du ridicule, et souffre de longueurs et de son personnage principal tricheur (mais jamais présenté ouvertement comme tel ni assumé). Mais il possède une telle générosité dans son écriture, ses protagonistes, et ses combats que, finalement, je lui pardonne volontiers ses défauts.

Ninesisters

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