Et pour ce soir :


Le Bruit des Glaçons, de Bertrand Blier, 2010, avec Jean Dujardin dans le rôle de Charles Faulque.


Synopsis métastasé : Charles est un auteur. Comprendre par là qu'il picole, ne se sépare jamais de sa bouteille dans un seau de glaçon, séparé de son épouse, avec le syndrome de la page blanche et pour seul compagnie sa servante et cette jeunette russe qu'il a ramené pour combler le vide de son existence. Et puis un jour, un type se ramène. Bizarre, Charles est le seul à le voir. Normal, ce type, c'est son cancer. Et son cancer, il se dit qu'après tout, ça serait cool de faire connaissance avec Charles, parce que bon, puisqu'il va le faire crever, autant qu'ils apprennent à se connaître. Sauf que contre toute attente, Charles, il a pas tant que ça envie de mourir, même si sa vie est devenue à chier...


Je crois bien que c'est l'un des rares de Bertrand Blier que j'ai vu, comme film. Je n'arrive pas à me souvenir des Valseuses et les autres films de sa filmo ne me disent rien autrement que de nom. Par contre, je me souviens avoir vu la bande annonce de ce Bruit des Glaçons qui m'avait charmé directement pour son délire. Les critiques publics n'étant pas tendre, j'ai fini par oublier le film. Puis hier, au détour des bacs, je tombe sur le blu-ray à 3€. A ce prix là, la déception sera moins violente. Du coup, qu'est-ce qu'il donne, ce film ?


Eh bien, c'est un constat mitigé-bon. Il faut savoir que le film est un huit clos qui se passe quasi-intégralement dans l'immense baraque/villa du côté de l'Occitanie. Faut donc aimer ce style. C'est aussi un film qui trahit une vision très théâtrale dans son approche, du fait de son aspect étriqué géographiquement. Il y a aussi un brassage des styles. Par exemple, certains plans avec dé-zoom et ambiance angoissante rappelle franchement Shining. Et enfin, mélange des genres, c'est une comédie dramatique finalement assez noire


Au niveau des points faibles, il y a un aspect cul entre deux chaises dans la mise en scène, avec des étrangetés parfois qui font que cela nous sort du film. Par exemple, le fait que le personnage de Dupontel (le fameux cancer de Charles) ne soit pas vu par Louisa (la servante) puis finissent par être vue (ce qui peut se comprendre dans l'intrigue) et que certains personnages finissent par le voir et d'autres nom alors qu'il n'y a pas de raison qu'ils puissent le voir. Peut-être que j'ai raté quelque chose, mais ça me sort un peu de ma suspension consentie de l'incrédulité. Des longueurs aussi, avec un effet yo-yo qui finit par impacter la qualité des dialogues, et un effet finalement peu utile du brisage du 4ème mur lorsque Dujardin parle à la caméra (et donc à nous, spectateurs).


Mais ça me permet de rebondir sur deux grandes qualités du films : Son interprétations (ils sont tous tops, et le duo Dupontel/Dujardin marche du tonnerre, on sent qu'ils se sont bien éclatés avec certaines scènes qui sont tordantes, notamment la scène au pieu) et ses dialogues aussi, une vraie mine d'or de répliques qui peuvent facilement devenir culte ("Occupez-vous de ma mort, me faites pas chier avec ma vie !" ou "Un cancer ça lâche jamais la grappe, ça colle au cul. C'est comme la merde quand y a plus de papier"). C'est aussi un humour très noir sur le cancer, raconté de façon tragicomique, ce qui fait que ce n'est pas forcément un film adapté à toutes et tous, surtout si vous avez un proche avec le cancer, notamment parce que la fin est franchement ambigüe. Pour ma part, je ne l'ai pas compris de la façon la plus triste et désolante qui soit, mais plutôt comme une suite qui joue avec sa propre "réalité" et qui est finalement presque amusante. Il n'empêche que ça peut être interprété différemment...


Du coup, pour ce mélange assez intéressant (le film s'est terminé il y a plus de deux heures et j'ai encore plein de plans et de dialogues en tête, ce qui est plutôt bon signe), je me dis que finalement c'est mieux que simplement mitigé/bien, disons bien en fait. 6/§,5 sur 10. A voir, si vous appréciez l'humour noir et ce genre de délire. Et puis Dujardin avec une barbe grisonnante, wahh, il arriverait à me rendre gay, presque !

Tony_Gendron
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le 23 mai 2018

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Tony Gendron

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