Ce nouveau Blier, c'était un peu un baluchon d'espoirs que l'on avait accumulé, espérant un second souffle de la part de ce réalisateur mythique qui tournait cependant en roue libre depuis quelques années.
Que ça soit dit tout de suite, ce baluchon s'est vidé, mais pas entièrement, les désillusions étant présentes, malgré un lot d'excellentes surprises.
Charles Faulque (Jean Dujardin), est un écrivain à succès, mais au bout du rouleau. Sa femme l'a quitté, il n'a rien écrit depuis qu'il a eu le Goncourt, et ses journées sont rythmées par le bruit des glaçons, rafraîchissant perpétuellement ses bouteilles de vin blanc qu'il enchaîne du matin au soir. Tout changera pour lui lorsqu'un matin son cancer (Albert Dupontel) se présentera à lui, souhaitant faire un peu sa connaissance avant de l'emporter.
Si l'idée de départ était excellente, et donnait lieu à des bandes-annonces hilarantes, elle s'essouffle malheureusement au bout de la première demi-heure, la suite partant un peu dans tous les sens, et ne laissant au final qu'une impression de brouillon bordélique. On pensait avoir affaire à un huis-clos entre un homme et la faucheuse, puis vient la reprise en main, le cancer de la bonne (Anne Alvaro), et un amour — presque — improbable. Bref Blier se perd, et au lieu de nous servir une oeuvre qui aurait pu mener à une vraie réflexion, nous offre un pamphlet pince-sans-rire.
Néanmoins, même si on ressent une certaine déception, on ne peut que saluer un scénario bien écrit, acerbe et drôle, orgie d'humour noir faisant mouche à chaque fois, et composé de certaines répliques que n'aurait pas renié Godard. Le duo Dujardin/Dupontel fonctionne également à merveille, le premier étant parfait dans son rôle d'homme amer et usé, et le second brillant dans la peau de ce cancer implacable et agaçant.
Bref, Le Bruit des glaçons s'avère être un bon divertissement, ayant d'excellentes fondations, mais qui malheureusement s'écroulent progressivement tel un château de cartes. Le choc aurait probablement été moins brutal si le contraste entre l'idée de départ et sa continuité n'avait pas été aussi important.
Pour conclure, si vous adhérez aux festivals de répliques piquantes, vous serez conquis, et si l'oeuvre s'avère en deçà de nos espérances, elle reste cependant un excellent moment en compagnie de Dujardin et Dupontel. Gardez simplement à l'esprit que même si le film ne sert pas à rien, il ne mène en revanche nul part, dommage pour une mise en abîme.
La mention spéciale, suivant toute logique, va à nos deux trublions que sont Dujardin et Dupontel, chacun criants de vérité et à la hauteur de leur réputation.