Le Bruit des glaçons par Foxart
le Bruit des glaçons s'il traite d'un sujet plutôt sombre et peut-être autobiographique (en tous de manière métaphorique) démontre bien la vigueur enfin retrouvée de Blier.
Combien tu m'aimes semblait déjà largement amorcer ce retour en grâce, mais ici, on est souvent pas loin de retrouver l'originalité, la poésie et l'émotion qui faisaient la force de Préparez vos mouchoirs, Les Valseuses ou Beau-Père.
Si ce film "diesel" traîne un peu au démarrage, les premières scènes entre Dupontel et Dujardin peinant à dépasser la simple figure de style, très rapidement, grâce au rôle magnifique de Louise, génialement interprétée par Anne Alvaro et à l'irruption étonnante de Myriam Boyer, le film touche finalement à une cruauté et à une grâce si intimement mêlées qu'elles démontrent royalement la grande inspiration enfin retrouvée de Blier.
L'histoire d'amour entre cet écrivain raté, alcoolique et malade et sa fidèle servante, elle aussi condamnée est souvent joyeusement surréaliste (on pense même un peu à Buñuel) et surtout très touchante. Toutes les scènes avec Emile Berling ou Audrey Dana sont totalement bouleversantes et capturent ce qu'il a pu y avoir de plus beau chez Blier (Nicole Garcia dans Beau-Père, Riton Liebman dans Préparez vos mouchoirs, Jeanne Moreau dans Les Valseuses) en touchant droit au cœur.
La fin est un peu décevante, certes, et le film aurait sans doute gagné à davantage de noirceur, mais cette note d'espoir est finalement acceptable, sympathique et, au final, toute aussi touchante, dans la mesure où, peut-être, il aurait été un manque d'élégance pour Blier d'aller là se vautrer dans la tragédie où le mélo alors qu'il pouvait s'offrir le rêve d'une happy end et la classe d'une pirouette de pudeur.
On sort de la salle ému, touché et ravi, il faut le dire, ce n'est pas si courant.