Mais où est donc passé le Costa-Gavras incisif, puissant et d'une grande richesse qui m'avait tant marqué avec, entre autres, sa trilogie des dictatures portée par un formidable Yves Montand ?


En tout cas ce n'est pas avec Le Capital qu'il va répondre présent tant il se contente de dénoncer mollement, et sans réelle réflexion, l'ultra-libéralisme, les hautes sphères de la finance et ses représentants, porté par un fadasse Gad Elmaleh.


Il propose donc, par le prisme d'un valet d'une puissante banque mondiale propulsée à sa tête, une plongée dans les hautes-sphères de la finance où l'on naviguera entre jets privés, spéculations, licenciements, mannequins, syndicalistes, démesures et une bulle coupée du monde réel. Il place au centre de son récit un patron qui n'était pas destiné à en être un et qui va pleinement rentrer dans le jeu, à la fois cynique, séduisant et requin malgré qu'il ait conscience de ce qu'il fait réellement.


Ce genre de sujet est réellement compliqué à traiter au cinéma et, malgré que Costa-Gavras semblait être la bonne personne pour s'en charger, il a tout faux. Difficile de croire aux situations qu'il met en place et de s'y immerger tant tout frôle (et pas que) la caricature, l'excès et même la lourdeur. Tout est déjà vu, très superficiel malgré les intentions louables et importantes et il ne fait que répéter sous forme de long-métrage, et sans subtilité, toute la pourriture de ce monde à travers un schéma et des personnages jamais intéressants, ni aucune réflexion ou dimension. Que nenni.


Pourtant, mêler la réflexion avec le destin individuel, il l'avait fait remarquablement par le passé et ce dans de nombreux films, mais ici aucun des deux cas ne marche. Alors qu'il propose une leçon de capitalisme pour les nuls, où il n'y a pas grand-chose à tirer des propos, il commet de nombreuses maladresses avec le destin d'un très mauvais Gad Elmaleh (aucune once de crédibilité et aucune justesse ou émotion dans son jeu, que dalle) qu'il fait voyager partout dans le monde en lui faisant dire des dialogues vides sur l'argent, le système et l'entreprise tandis que les liens et évolutions de son personnage (que ce soit le rapport avec ce système infernal, sa maitresse, ses patrons ou sa famille) sont bâclés.


Pas besoin d'encore plus tirer sur l'ambulance où seul quelques seconds rôles viennent légèrement sauver Le Capital (Gabriel Byrne en tête). Pas besoin non plus de taper sur un metteur en scène qui a su se montrer si brillant à de nombreuses reprises par le passé. Sur 50 ans de carrière, difficile de ne pas commettre quelques erreurs de parcours, espérons juste qu'il en tire les conséquences pour son prochain film.

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le 10 oct. 2016

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Docteur_Jivago

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