Bienvenue en Tanzanie et plus précisement à Mwanza sur les bords du lac Victoria.

Vous découvrirez son aéroport et son UNIQUE contrôleur aérien qui, soit dit en passant, n'a pas de radio en état de marche. Il guide les avions à l'aide d'un projecteur à trois couleurs ; Vert : tu peux atterrir, Rouge : tu peux pas atterrir, Orange : attends un peu, genre le mec il se met en warning dans les airs...

Vous rentrerez ensuite en contact avec sa population ; des pêcheurs, beaucoup de pêcheurs, des prostituées, des enfants de la rue qui se battent pour une poignée de riz, des pilotes d'avion cargo Ukrainien, un prêtre qui refuse de conseiller le presérvatif à ses paroissiens, un veilleur de nuit avec un arc et des flèches comme seul arme.....etc.

Le film s'attarde alors sur la source de vie (dans tous les sens du terme) de la région, le lac Victoria (3ème plus grand lac du monde). On apprend que lors d'expèriences scientifiques datant des années 60, un poisson prédateur (la Perche) a été introduit dans le lac.
Aujourd'hui, ce prédateur a décimé toutes les autres espèces presentes autrefois dans le lac et la Perche est devenue la pierre angulaire du système economique de toute la région !

Cette révelation n'est qu'une goutte d'eau parmis le torrent de faits accablants auquel le spectateur doit faire face.
De ces énormes avions cargo qui débarquent VIDES (vraiment vides ?) à l'aéroport pour repartir REMPLIS du fameux poisson direction l'Europe (poisson que la population locale, victime de famine, ne mange pas, il est trop cher !), en passant par la terrifiante séquence dans laquelle les enfants de la rue brûlent les emballages en plastique du dit poisson pour en faire de la colle à sniffer. Beaucoup de séquences m'ont mis mal à l'aise et, tenez le pour acquis, le CAUCHEMAR de Darwin porte bien son nom, et c'est bien en plein cauchemar que survie cette population.

Ce film est important pour moi. Il nous montre, comme d'autres l'ont fait avant lui et d'autres le feront après lui, les pratiques qu'impliquent la mondialisation et leurs conséquences avec un vrai savoir faire cinématographique. Beaucoup de plans m'ont plu, le réalisateur prend son temps pour nous montrer tous ces visages et on se sent à l'arrivée très impliqué et déboussolé par l'inextricable situation dans laquelle se trouve cette région et sa population.




---------------------------------- A lire après avoir vu le film ---------------------------------


Dans cet aparté, je reviendrai sur les polémiques qu'ont sucitées le film et qui sont relevées maladroitement je trouve, par Gizmo dans sa critique.
Je n'étais pas au courant des polémiques avant de voir le film je pense donc pouvoir y répondre avec un regard neutre.

Première polémique, les avions cargo n'atterriraient pas vide mais amènerait des armes. Il est évident, en voyant le film, que cela est déjà arrivé, les preuves sont là. Mais le réalisateur ne nous force jamais à croire que cela arrive encore aujourd'hui. Il le pense certes, et tente pendant tout le film de trouver les preuves de ce qu'il avance... au spectateur de se faire une opinion. Pour ma part, un seul contrôleur aérien + un garde armé à l'aéroport + toutes les interviews des équipages d'avions cargo + les preuves que cela est déjà arrivé = faut arrêter d'être naïf et se rendre compte que ce que l'Occident fait subir à cette région est inadmissible, illégal, irrespectueux et d'une atrocité calculée!

Deuxième polémique, les enfants de la rue aurait été payé pour simuler la scène ou il se battent pour une poignée de riz. N'ayant pas eu vent de la polémique, je n'ai pas remarqué que la séquence était jouée ou alors le problème est réglé et ils n'ont plus qu'à devenir acteur à Hollywood. D'ailleurs, la personne qui à lancé cette polémique a été attaqué en justice par le réalisateur qui a eu gain de cause.

Dernière polémique, les carcasses de poissons ne sont pas consommez par les habitants mais par les animaux. Vrai et faux.
Vrai, l'endroit du film où l'on voit entreposées toutes les carcasses est destiné à la consommation animalière (ce que le film n'explique pas très bien je l'accorde, et je pense que cela est delibéré pour semer le doute dans la tête du spectateur, façon de faire un peu douteuse mais j'ai vu bien plus douteux dans d'autres documentaires).
Faux, car le film l'explique bien, ce sont ces mêmes carcasses destinées aux animaux qui nourissent la population. Elles sont justes lavées puis fumées ou frit.

En conclusion, je dirais que toutes ces polémiques sont vaines.
Excluons tout ce qui fait débat et il reste largement de quoi faire un excellent documentaire :
- un aéroport qui guide ses avions "à la torche" (résultat, un certain nombre d'entres eux s'écrasent dans la mer, ou aux portes des villages)
- une prostituée assassinée par un client, pilote d'un de ces avions cargo.
- le 3ème plus grand lac du monde délibèrement amputé de sa diversité biologique
- une population dont la seule raison de vivre est de pêcher, acheminer, découper, emballer et exporter un poisson pour NOS assiettes les laissant avec NOS carcasses pour manger et NOS emballages pour se droguer.

Un bien curieux monde dans lequel nous vivons...
Anyo
8
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le 27 juin 2011

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Anyo

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