Mike Newell est le prototype même de ces cinéastes dont on dit qu'ils sont de bons artisans quand ils disposent d'un excellent scénario (Quatre mariages et un enterrement) et parfois de tâcherons quand le matériau de départ ne vaut pas le voyage. Il y a un certain potentiel dans Le cercle littéraire de Guernesey, des épluchures de patate, du gin et du patriotisme, entre autres, mais le cinéaste ne rend guère captivante cette évocation de l'Occupation allemande de Guernesey, pourtant rarement montrée au cinéma. Dans le film, elle est présente dans de multiples flashbacks mais n'est que le prétexte à raconter une histoire follement romanesque qui a ses prolongements après-guerre. Où elle se superpose avec un nouvel épisode sentimental qui ne brille guère par sa crédibilité et tombe directement dans la mièvrerie avec l'île de Guernesey comme décor de carte postale. A quoi bon être méchant avec un film qui se regarde tout de même sans ennui, pourtant avare en humour British et peu porté sur la flamboyance dans un registre, le mélodrame, qui n'accepte pas la neutralité. Mais hélas, la mise en scène est d'une banalité extrême et l'interprétation, notamment celle de Lily James, est loin d'atteindre les sommets de la subtilité. Le cercle littéraire de Guernesey manque cruellement de profondeur et de densité, confit dans une tonalité surannée, avec semble t-il, pour seule ambition de conter bluette, avec quelques trémolos dans la narration, dans une reconstitution d'époque sans grand éclat.

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le 14 juin 2018

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