Quelques points essentiels :



  • François Civil est bôw ! ❤

  • Les gars qui se sont occupés du son – que ce soit en termes de design, de mixage ou montage – sont des putains d'artistes. Le fameux « chant du loup » est terrifiant la première fois qu'on l'entend. Et que l'on soit plongés dans le grand bain sonore incertain avec Chanteraide, à essayer en même temps que lui de distinguer ce qui s'y entend, fait tout l'impact de la grande séquence d'ouverture, puis bien la moitié au moins du pouvoir de fascination qui se dégage du film dans son ensemble.

  • François Civil est bôôôww !! ❤❤

  • K-19, À la poursuite d'Octobre rouge et autres blockbusters de sous-marins américains peuvent rentrer se rhabiller. Genre tellement ! Le Chant du loup est au moins aussi impressionnant, aussi rythmé, aussi haletant – pour être franc j'ai trouvé qu'il l'était nettement plus. Mais plus que ça : il y a une gravité dedans, un sérieux, un sens de la tension et par moment même un sens du désespoir qui l'apparentent bien davantage au Bateau de Wolgang Petersen, l'ironie absurde en moins, de l'adrénaline en plus.

  • François Civil est beaucoup trobôw !!! ❤❤❤


Du reste, je pourrais épiloguer un moment sur la réussite plastique du film, l'ambiance viscérale des meilleures scènes, la surprise devant plusieurs choix dramatiques inhabituellement impitoyables. Je pourrais rechigner viteuf devant quelques grosses ficelles pas franchement dignes du parti pris réaliste que le film honore le reste du temps – que le héros se retrouve par le plus grand hasard pile à l'endroit le plus crucial pile au moment le plus crucial, lors de la réunion de crise, à la rigueur passe encore ; qu'à la suite d'une explosion tout un équipage meure à la stricte exception des personnages utiles au scénario, ça passe nettement moins. Quoi qu'il en soit, je conclurais en m'exclamant combien ça fait plaisir de voir du cinéma français se fixer ce genre d'ambitions et les concrétiser avec autant de panache. Mais tout ça a déjà été dit avec soin par plein de monde, alors passons.


Le film est super, voilà : j'ai assez souligné ce qui m'y fait voir une franche réussite. En même temps la fin me fâche, et j'aimerais m'arrêter un peu sur la raison pour laquelle elle me fâche. Il s'agit de parler du dénouement, je répète, et on n'a pas affaire à un film avare en surprises, donc si des yeux vierges se posent sur ces lignes, le temps est venu de déguerpir.


Encore là ?
Allons-y.


Pour faire simple : à l'instant d'intensité maximale du dernier acte, on se retrouve nez à nez avec une possibilité dont la radicalité transfigurerait complètement la portée du film... et le film fait le choix de rater le coche. Il fait le choix de rester un vaillant récit héroïque, alors qu'il était à deux doigts de devenir un grand film politique dans la lignée de Point limite, de Sydney Lumet.


Le personnage de Reda Kateb vient de passer la seconde moitié du film dans une invivable situation de doute : ordre lui a (par erreur) été donné de lancer un missile nucléaire, et le protocole veut qu'après un tel ordre toutes les communications soient coupées et que toute tentative de contre-ordre soit ignorée ; or les tentatives de contre-ordre pleuvent, sans qu'il ait le moindre moyen de savoir si elles proviennent de l'ennemi ou s'il s'apprête à être le doigt aveugle qui va déclencher une guerre nucléaire à tort. En plein dénouement, vient la scène où son personnage en train d'agoniser au pied de la console de lancement doit décider s'il désamorce ou non le missile.


À ce moment précis, il n'y a plus que deux options, chacune étant suffisamment cruciale pour remodeler rétroactivement la nature même du film :


1) Ou bien Reda Kateb fait ce que nous, spectateurs, savons être le bon choix en rompant la procédure, et on a une fin sacrificielle héroïque qui fait du film une louange de l'esprit d'initiative individuel sur lequel on peut compter pour contrebalancer les ratés potentiellement apocalyptiques de la Défense et de sa grosse machine armée. Tout finit bien, braves gens ! Pleurez nos héros ce soir, puis dormez en paix ! Bref, dans ce cas on est sur du blockbuster traditionnel – de très belle facture, mais sur du blockbuster traditionnel néanmoins.


2) Ou bien Reda Kateb, n'ayant aucun moyen de savoir quel est le bon choix, fait ce qu'à peu près n'importe quelle personne ferait dans une pareille situation de détresse, en se rabattant sur le choix auquel il a été le plus conditionné – obéir ! – il suit la procédure et on a une fin où l'horreur s'abat sur le monde par la nécessité mécanique aveugle d'un protocole militaire. Alors le film deviendrait une tragédie absurde en même temps qu'une charge politique féroce, où un officier qu'on n'a eu de cesse de nous décrire comme un homme bon, commet l'irréparable en n'ayant rien fait d'autre que d'accomplir son devoir : le genre de truc, oui, admirativement à ranger sur l'étagère à côté de Point Limite.


Dans quel monde la première option était-elle meilleure ?
De l'audace, film ! De l'audace !

trineor
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le 2 mars 2019

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trineor

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