La guerre silencieuse

Antonin Baudry a un parcours assez atypique. Diplômé de normal sup' et polytech', l'homme a roulé sa bosse auprès de certains "grands" de ce monde, tels l'ambassadeur de France aux Etats-Unis ou même Dominique De Villepin himself.
Après une carrière déjà bien remplie malgré ses 43 ans, ce passionné de cinéma a enfin trouvé le temps de réaliser son premier film, Le Chant du Loup.

Probablement influencé par ses années au sein de la diplomatie française, Baudry nous parle donc, dans Le Chant du Loup, d'un sujet toujours tristement d'actualité, à savoir la guerre en Syrie. Du moins, c'est dans le contexte de cette guerre que son intrigue démarre.
Dans ce premier acte, un sous-marin de la Marine française est en mission au large des côtes syriennes pour évacuer un commando envoyé incognito sur place.
Cette scène d'introduction parvient d'emblée à instaurer une grande tension et traduit tout à la fois le contexte militaire très tendu dans cette région du monde, ainsi que les enjeux géopolitiques qui y sont liés. Elle nous plonge aux côtés de l'équipage du sous-marin qui doit faire preuve de beaucoup de réactivé, de concentration et de justesse dans les analyses et les décisions. C'est particulièrement vrai pour le jeune officier Chanteraide, dont le rôle est de repérer et d'identifier les menaces pour le sous-marin, et ce par la simple écoute des bruits extérieurs transmis par le sonar.

Bien que partant d'un contexte réel, le film prend ensuite une direction clairement fictionnelle mais néanmoins, plausible, bien qu'improbable. Et si Le Chant du Loup est une vraie réussie, c'est en grande partie grâce à son excellent scénario, même si son impact n'aurait pas été le même avec un budget plus restreint. En effet, le film s'avère impressionnant en termes de moyens avec quelques scènes à couper le souffle.

Si on a envie de dire beaucoup de bien du film de Baudry, on émettra quelques petites réserves sur l'interprétation générale, étonnamment assez inégale. Les "gros" noms du casting (Sy et Kassovitz notamment) ne sont pas dans leur meilleur rôle.
Les dialogues ne sont pas toujours intelligibles non plus et s'avèrent peut-être parfois trop techniques. Concernant ce dernier point, peut-être était-ce la contrepartie inévitable lorsque l'on souhaite dépeindre des métiers et des situations de manière réaliste.

Pour son premier film, Antonin Baudry frappe fort. Le Chant du Loup est non seulement spectaculaire par les moyens déployés, captivant par son univers rarement mis en avant au cinéma (notamment en France) mais aussi impressionnant par sa capacité à maintenir pendant presque 2h le spectateur sous tension.
Une des très belles surprises de ce début d'année 2019.