Avant de partir en vacances (!!), je voulais traditionnellement vous faire un petit copier-coller extirpé des profondeurs pour
- vous remercier de tout ce partage communautaire qui nous amène à nous cultiver, qui que l'on soit, et ainsi mieux communiquer nos différences (sincérité, premier degré)
- tous vos likes sur mes activités enterrées au plus profond de SC et qui font chaud au coeur (ironie directe, second degré facile)
- quoiqu'il en coûte, je le gage encore aujourd'hui, s'unir pour le bien, c'est bien et la communauté SC se doit d'être exemplaire (ironie camouflée, troisième degré)
- non, j'en ai rien à carrer en fait, je vous chie ça et je me casse loin (ironie insultante, quatrième degré)
- en fait je vous pisse à la raie même (diantre, cinquième degré ?!?)


Pour ce faire, j'ai donc choisi un film de Ninja taïwanais, totalement au hasard donc, un grand délaissé parmi tant d'autres, j'ai nommé ce magnifique Chasseur de ninja, titré aux States Wu Tang Vs Ninja, ça c'est la classe, à ne pas confondre avec ce Shaolin contre Wu Tang qui a bien plus de classe encore (même si je le note moins bien, et oui) ou même cet autre Shaolin contre Wu-Tang histoire d'embrouiller tout le monde définitivement.


Je vous livre la chose uncut, expurgée de tout terme technique tout de même, comme le précise le cahier des charges "SC pour tous, même aux footballeurs" de guyness. Non, je déconne, je vais tout blinder de liens et de noms imprononçables, yogo !


1984, pleine vague de films de ninjas déjantés, les américains ont découvert ce genre asiatique des profondeurs et emboîteront gaiement le pas en sortant une tonne de nanars ninjas. Mais jamais ils n’arriveront à la cheville des maîtres absolus du kung-fu Bis option Ninja, les taïwanais. Ces gars là connaissent le filon, ils l’ont eux-même porté vers ses sommets les plus invraisemblables. Wu Kuo Jen aka Ng Kwok Yan est un de ces quelques réalisateurs respectés qui lança même le maître en la matière Robert Tai (...). Il utilise d’ailleurs son disciple, Alexander Lou, qui enchaînera tous ses titres ninja. Après un The Super Ninja juste sympa pour le bisseux mais dispensable, Kwok Yan revient à la charge avec trois films, ce Wu tang vs Ninja tout d’abord, puis Ninja in the USA et enfin Ninja Condors (le seul distribué chez nous alors que je le trouve personnellement plus faible mais bon...), toujours avec Alexander « bullfighter » Lou, parfait élève revanchard qui aime montrer son corps sculptural à grands renforts de zooms. Petit changement, il appartient cette fois au clan Wu Tang. Il est accompagné du jeunôt Mike Wong tout comme dans l’excellent Les gardes de shaolin.


Côté méchants, on mélange gaiement. En charge de massacrer les maîtres Wu Tang avant de laisser tranquillement les élèves s’entraîner comme il faut pour dispenser leur tannée finale, le clan Ninja et son trio (blanc, or et noir) de trognes taïwanaises est mené par le légendaire "Abbot white" Pai Mei, joué cette fois-ci par Jack Lung Sai Ga, le grand maître de Seven Grandmasters, et un superbe artiste martial méconnu soit dit en passant.


Encore plus hystérique et grimaçant que Carter Wong dans Born Invincible ou Lo Lieh dans Executioners…, Jack se déchaîne dans un concours de faciès et de rires sarcastiques impayables. Mais il n’a pas suivi un entraînement de jeunesse impitoyable pour renforcer son corps et devenir invulnérable (la technique principale de Pai Mei), ici on fait dans la grosse fantaisie, Jack absorbe l’énergie de vierges qu’il capture dans sa grotte, démonstration saisissante à l’appui, et son corps devient dur comme du béton. Il peut dés lors ricaner lorsqu’on tente de le transpercer avec des lances ou une hache, très bon passage de démonstration de force tout en reverse et overcranké (accéléré guynou) pour accentuer la percussion des armes sur les points vitaux.


Malheureusement, un peu comme dans The Super Ninja, mais à moindre mesure, Kwok Yan n’a pas l’audace et la nonchalance de Robert Tai pour se plonger dans le foutraque jusqu’au cou. Il tente de garder un petit côté traditionnel à son récit, qui reprend au passage toute la trame de Born Invincible, mais il n’a pas non plus les énormes qualités purement old school indépendant d’un Joseph Kuo. Résultat, il se retrouve entre deux courants pour rester poli, le traditionnel pour l’histoire archi-revue, et les combats Ninjas les plus virevoltants et accélérés possible pour le délire (mais ça le rend bizarrement plus facilement abordable que les autres).


Wu Tang vs Ninja est sans conteste très rythmé, voire frénétique, hormis son milieu de métrage qui s’endort sur une histoire insignifiante. Il offre deux scènes érotiques (largement censurées comme d’habitude) comme en raffole Kwok Yan, avec une musique d’ascenseur et de gros rustres qui caressent des fleurs fragiles avec autant de grâce que je râpe mon gruyère. Il offre aussi les traditionnelles scènes d’entraînement gonflées à la testostérone dont les pompes et autres tirages de corde avec deux doigts. Il offre même un combat démentiel contre un zombie recouvert d’acide qu’il ne faut surtout pas toucher. Il offre enfin des ninjas en action, des combats techniques et un montage à réserver aux adeptes : vols planés de mannequins en mousse, télé-transports câblés par dizaine, geysers de sang pressurisés, décapitations Z, escalade à la Spiderman, disparitions dans un « pouf ! » magique, tyrolienne et autres tricks ninjas bien connus des amateurs. Oui, il offre sans retenue, donne à manger à l’oeil psyché et aux fans d’arts martiaux mais il ne va jamais totalement au fond de la fange tout de même, là où l’amoureux voudrait qu’il se noie définitivement.


La balance Bis / old school est tout un art qu’il est ardu de porter à son sommet. Kwok Yan signe ici son meilleur essai, un très bel essai, mais montre aussi les limites de sa folie. Néanmoins, sans être trop pointilleux, Wu tang vs Ninja propose une ambiance Bis bien goûtue, avec un bon wagon de scènes complètement délirantes.


Oui bon, je devais encore être en surdose de Robert Tai à ce moment là pour le citer toutes les quatre lignes et ne pas me rendre compte de la cinglerie du truc parce qu'on me dit souvent que c'est déjà bien assez atteint comme ça... Il ne faut pas se fier à l'emballage nanar, au format 4/3 et à l'image dégueu et bien se mettre en condition aussi. Les combattants et les chorégraphies de ce film sont exécutés par de véritables artistes martiaux parfaitement au niveau des plus grands, ils ont juste moins de thune...


Version (légèrement) plus longue et galerie : https://drelium.wordpress.com/2005/05/11/ninja-hunter-%E5%BF%8D%E8%80%85%E5%A4%A7%E6%B1%BA%E9%AC%A5-1984/


Mais vous voulez peut-être juste le(s) film(s) en fait : https://youtu.be/N4VZ1VaEts8 pour la poignée qui osera.
(par contre, c'est la Version Américaine 4/3, faut chercher un peu plus pour la VF 16/9ème...)


Toutes mes félicitations à ceux qui sont arrivés jusqu'ici.

drélium
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le 2 juil. 2015

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drélium

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