L'idée de faire une suite à Snow White and the Huntsman est totalement saugrenue, d'autant plus que le film avait fait plus parler de lui en raison du "scandale" qui avait éclaté juste après suite à la relation extraconjugale que l'actrice et le réalisateur avait entretenu. Car devant ce film, il n'y avait pas de quoi tomber de sa chaise, celui-ci étant un blockbuster ampoulé et mou qu'on avait aussitôt oublié après l'avoir vu. Néanmoins, l'envie d'une suite émergea assez vite de la part des producteurs. Mais cette fois-ci, dans une envie d'éviter le bad buzz du premier film, il offre cette suite qui n'en est pas vraiment une au frenchy Cedric Nicolas-Troyan, qui signe son premier long métrage mais qui avait déjà bossé sur le précédent film en tant que superviseur des effets spéciaux. Comme pour le premier, c'est le premier film d'un jeune réalisateur et comme le premier c'est un film qu'on aura aussitôt oublié après l'avoir vu mais à la différence de celui-ci, il est parvient à nous amuser durant le visionnage.


Le scénario découpé en trois actes, avec un premier qui fait office de prequel à l'histoire du chasseur puis deux autres qui font suite à l'histoire du premier film. Vouloir faire de ce film à la fois une suite et un prequel est ce qui l'handicap le plus de prime abord. La partie prequel fait énormément d'incohérences avec ce que nous avait raconté le précédent opus modifiant drastiquement certains background de personnage, changeant la personnalité du chasseur et sortant une sœur à la méchante du premier film dont ne sait où et faisant disparaître son frère comme par magie. Après ce n'est pas si grave, ce n'est pas comme si le premier étant un grand chef d'oeuvre et donc faire quelques entorses à celui-ci n'est pas si terrible mais un peu plus de cohérence aurait été un plus. Surtout que le film à clairement pour volonté de faire aussi une suite à la précédente histoire mais là aussi le bât blesse, car réutilisé la méchante dans le troisième acte ne sert strictement à rien à part préparer un éventuel troisième opus. Le rajout de cette méchante est aussi là parce que la méchante principal de ce film, n'est est pas vraiment une. D'ailleurs cela fait que c'est un film qui manque cruellement d'enjeux. Passé un premier acte qui laisse craindre le pire en terme de ton et d'atmosphère, on se lance dans la véritable aventure en se rendant compte que celle-ci n'a pas grand intérêt. Le miroir du premier film à disparu, les personnages doivent le récupérer avec les méchants et c'est à peu près tout ce que offre l'intrigue. Mais c'est aussi ce qui fait la force du film. Enlevant tout enjeux trop sérieux, il permet à l'ensemble d'avoir un ton bien moins sombre et envahissant que le premier pour s'assumer pleinement comme un divertissement sans prise de tête.
On à les personnages inutiles qui ne sont là que pour la partie humour du film, notamment les nains, la romance contrarié des deux personnages principaux, une méchante à l'histoire tragique qui n'est pas si maléfique et une autre plus caricatural et qui elle l'est totalement. Au final, et plus que le précédent opus, on se rapproche du conte. Celui qui à une morale gentillette et qui ne vole pas haut mais qui s'impose par sa naïveté sincère et qui nous fait avoir de la sympathie pour lui. Bien moins cynique et plus drôle que son aîné, il se montre aussi mieux écrit avec des personnages plus nuancés et un vrai soin apporté à son univers, retrouvant vraiment la fantaisie et la saveur de ce qu'il adapte. Même si certains dialogues sont peu travaillés et font peine à entendre, que l'on voit le retournement de situation à des kilomètres (le film étant très prévisible mais ne pouvait pas vraiment en être autrement) ainsi qu'il utilise un peu trop souvent le même ressort dramatique en nous faisant croire à la mort de son héros à plusieurs reprises. Ça vole pas très haut mais ça fonctionne, car le film n'a pas prétention à être plus que ce qu'il est. Il ne se prend pas au sérieux sans pour autant se moquer de son spectateur et offre une histoire simple avec son lot d'humour, même si lourd il se montre assez efficace, et de bons sentiments en parvenant à éviter le message trop pompeux auquel on à le droit quand l'amour est au centre du propos. C'est niais sans trop l'être car il y a suffisamment de détachement pour que l'on ne prête pas trop attention à ce détail.
Le film est aussi aidé par un casting cinq étoiles mais qui n'est pas toujours convaincant. Globalement les acteurs sont bons et font honorablement le job mais Charlize Theron reste dans la même optique que sont cabotinage outrancier et ridicule qu'elle faisait déjà lors du premier film. Elle ne rend pas son personnage trouble ni même inquiétant. Pareil pour Jessica Chastain qui passe à côté de son rôle. Elle partage une bonne alchimie avec Chris Hemsworth mais en dehors de ça elle semble totalement effacé. Elle offre une prestation fade et peu mémorable à des années de ce qu'elle nous offre d'habitude. Par contre Chris Hemsworth est bien plus à l'aise ici qu'il ne l'avait été dans le premier film. Il compose son personnage avec flegme et charme en étant moins monolithique que par le passé et fait un très bon job. Il est accompagné d'Emily Blunt qui est impeccable dans son rôle, elle oscille entre froideur inquiétante et tristesse refoulé avec habilité et on retiendra aussi Nick Frost en très grande forme en sidekick comique, sa spécialité.
Pour ce qui est de la réalisation on a le droit à quelque chose de plus aéré et lumineux que le premier film. La photographie est soignée et met bien en valeur une direction artistique classique mais abouti. On est loin de la morosité et le fadeur de son aîné mais on perd légèrement en mystification. Le précédent film avait pour mérite d'alimenter un vrai imaginaire autour du miroir et son aura maléfique alors qu'ici malgré des tentatives similaires, l'approche plus enfantine fait que cela échoue. Mais c'est un mal pour un bien car le film gagne en énergie grâce à un montage plus lisible et moins sur-découpé qui permet des morceaux de bravoures plus épiques et iconiques. La musique de James Newton Howard sera d'ailleurs aussi dans ce ton là, en étant plus féerique et efficace que ce qu'il avait fait précédemment. La mise en scène de Cedric Nicolas-Troyan est maîtrisée, offrant des scènes d'actions exaltantes et un rythme engageant pour ce qui est une vraie aventure d'heroic fantasy. Loin de la dark fantasy qui n'allait pas au premier film, il compose un divertissement roublard, pas très fin mais indéniablement efficace. Même si il a plus l'étoffe d'un faiseur que d'un cinéaste, il montre qu'il sait filmer et aller au bout de ses intentions. Ici il ne se met pas trop en danger mais fait un travail honnête prenant soin de son univers et il livre un produit carré, qui manque de fulgurances mais qui est tenu de bout en bout. Surtout qu'il parvient vraiment à tirer le meilleur de l'heroic fantasy, nous renvoyant même aux meilleurs films du genre, le film par moments nous rappelle dans une moindre mesure, la magie que nous avait fait éprouver des œuvres comme Willow de Ron Howard ou Legend de Ridley Scott. Des plaisirs simples et naïfs mais à la sincérité débordante qui caractérise tout la saveur de ce qui fait un conte grand public.


En conclusion The Huntsman: Winter's War est un film globalement moyen, où l'on peut voir une ambition et une utilité aux abonnés absents. Néanmoins malgré sa faiblesse d'écriture et son "je m'en foutisme" prononcé permet de faire naître un produit qui n'a pas d'autre ambition que de divertir le temps du visionnage. Et c'est ce qu'il fait. Il y a même une sorte d'aveux, qui dit que peut importe l'histoire car celle-ci n'est qu'un perpétuel recommencement, ce qui compte c'est les choses simples qui nous font passer un bon moment. Et en nous renvoyant à ce qui se faisait de mieux dans l'héroic fantasy des années 80, le film arrive vraiment à s'imposer comme un divertissement agréable. Certes c'est naïf, l'écriture à de trop grosses lacunes pour qu'on ferme les yeux dessus et l'amourette est parfois agaçante par sa niaiserie mais c'est quelque chose que le film ne prend pas tant au sérieux que ça. Il désamorce ça par une envie de s'amuser, et c'est ce que le casting et le réalisateur semble faire, mais au lieu de le faire au détriment du spectateur, ils le font avec lui. On se prend au jeu à condition de ne pas espérer plus que de passer un moment sans incidence et de se laisser guider par ce conte simple et enfantin. Cedric Nicolas-Troyan arrive donc à faire mieux que ce qu'avait fait Rupert Sanders avec le premier film, et il extirpe l'univers de sa morosité pour en tirer quelque chose de plus digeste. On est loin de la réussite mais il parvient le tour de force de rendre pertinente une suite qui est tout bonnement dispensable. La question est maintenant de savoir si il parviendra à réaliser l'autre tort de force, qui est de redonner vie à Connor MacLeod au cinéma, dans le reboot de Highlander dont il en a hérité la réalisation.

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le 21 avr. 2016

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