Dieu que c'est dur de faire une critique sur ce film... commencons donc par le commencement. "Le chateau ambulant" est une histoire de magie, de sorciers et de guerre. Une histoire d'apparences, d'amour et de secrets à percer. C'est une histoire ni simple, ni vraiment difficile, un univers chatoyant ou l'oeil comme l'esprit se perdent. Peut-être un peu trop ?
Le Chateau Ambulant nous conte l'histoire de Sophie, jeune fille de 18 ans timide, qui ne sait pas assumer de choix. Sa rencontre avec le magicien Hauru va changer sa vie : suite à celle-ci, une sorcière jalouse lui jette un sort la transformant en personne de 90 ans. Sophie va alors se faire embaucher par Hauru au sein de son "chateau" ambulant et tenter de briser ce sort. Mais bien sur, bien des aventures l'attendent. Le chateau ambulant est, après une série de "sans-faute" de Miyazaki, le premier film qui m'a donné une impression de oui-mais-non-y-a-un-truc-qui-me-va-pas. En fait, c'est un film alambiqué. Très alambiqué. L'intrigue part dans tous les sens. Ce qui signifie que le scénario est très riche -ce qui est une qualité, car il prend le temps de s'intéressr à tous les thèmes chers à Miyazaki, ici, surtout à la guerre, tout en semant au sein de notre esprit le doute et un délicieux jeu de piste qui tient en haleine jusqu'à la toute fin et la résolution des énigmes. Mais cela signifie aussi que ce scénario, agréable au demeurant, a tendance à complètement se perdre au bout d'un moment. Là où les autres Miyazaki savaient proposer une intrigue complexe sans renoncer à la compréhension, ici, c'est un véritable labyrinthe scénaristique rempli d'impasses. Ce qui, par voie de conséquence, m'a empêché de m'y immerger entièrement. Un autre point qui fâche se situe au niveau des personnages. Ils ne sont pas du tout désagréables, au contraire, mais font simplement pâle figure en comparaison de certaines anciennes créations de Miyazaki, remportant une adhésion bien moindre.
Mais en dépit de ces défauts, le film regorge de belles qualités. Brassant des thèmes variés tels que la dénonciation de l'idiotie de la guerre (la raison de son déclenchement étant ridicule et son arrêt ordonné en un claquement de doigt), l'importance de la nature (à travers les paysages) et de la famille (à travers les habitants du chateau ambulant), le pouvoir de l'amour (ce qui a été beaucoup critiqué, mais pourquoi pas), mais surtout, l'un d'eux, particulièrement intéressant, concernant l'apparence. En effet, tout un jeu sur celles-ci est mise en place. Aussi, ce n'est pas un hasard si Sophie est transformée en personne âgée, puisque son esprit est bien plus proche de la vieillesse que la fin de l'adolescence. Elle s'accomode d'ailleurs plutôt bien de son état. Et c'est lorsqu'elle laisse son coeur, ses sentiments parler, telle la jeune fille qu'elle est, que son apparence retrouve celle de la jeunesse. De la même manière, la sorcière des Landes n'est ni si jeune, ni si méchante, le petit Marko perd son déguisement quand il a peur ou qu'il est triste. Quant à Hauru, obsédé par son apparence, il devra apprendre à chercher la vérité ailleurs... le tout étant soutenu par le visuel. La poésie inonde le film, renversant les codes du conte de feu et de l'amour, dans une beauté visuelle unique et passionnante, soutenue par une animation impeccable et de magnifiques décors, d'inspiration européenne. Une Europe sublimée mêlant le faste de Vienne, la grandeur des Alpes, aux maisons alsaciennes (Colmar ayant servi d'inspiration). La musique est également plutôt réussie, bien que là encore moins marquante que dans certains films de Miyazaki.
Au final, le chateau ambulant est un film rempli de qualités, mais qui pêche un peu par rapport à ses prédecesseurs, à cause de personnages moins marquants et un scénario un peu trop alambiqué pour permettre une réelle immersion.