Pas tout à fait un cheval de course...
J'avoue, je me suis un peu (beaucoup ?) laissée emporter par les critiques dithyrambiques de la presse (merci le Cercle et ses analyses de scènes mais merci aussi à ma mère qui en a rajouté une couche).
Je suis donc allée voir les près de 2h30 du cheval de Turin dans les conditions indiquées, bonne place dans la salle, bien reposée, l'esprit disponible, etc. De magnifiques plans séquences c'est vrai (seulement 30 paraît-il pour 2h30 de film), un noir et blanc somptueux j'avoue, une composition de l'image parfaite je confesse. C'est vrai aussi qu'il y a sans cesse du mouvement (ça rentre le cheval, ça fait cuire des pommes de terre, ça mange des pommes de terre, ça habille, déshabille, ça va chercher l'eau au puits, ça coud, etc., etc.), que les scènes se ressemblent sans être tout à fait les mêmes (une fois les personnages filmés de face, une fois de profil), que ça dit beaucoup de choses (tout est voué à la disparition), ... Tout ce que l'on peut entendre dire à propos de ce film est vrai, et avant tout que c'est d'abord une expérience. Et que tout le monde ne réagit pas de la même manière aux expériences. Celle-ci n'a pas réellement fonctionné sur moi, comme peut en témoigner ma note (qui visiblement a pas mal fait baisser la note globale sur sens critique, je m'en excuse). C'est même plutôt l'effet contraire qui s'est produit. Bien reposée je pensais l'être ; l'esprit disponible je pensais avoir. Je me suis découverte des résidus de fatigue et quelques préoccupations enfouies. Tant pis, c'est ça aussi le cinéma parfois.
(Pour le côté « expérience », je conseillerais donc plutôt « il était une fois en Anatolie ». Des plans séquence également, un art de la composition, de l'action... mais aussi beaucoup d'intelligence et une profondeur remarquable des personnages.)