Naissance d'une amitié canine à flanc de montagne

Je me souvenais avec émotion de ce film et de la chance que j'ai eu de pouvoir le voir dans une salle de cinéma... Vide. Nombre dérisoire de copie, absence totale de promo, Le Chien du Tibet était dès lors condamné à l'anonymat qu'une sortie en vidéo retardée d'un an ne pouvait arranger.

Le film ne mérite pourtant pas une telle indifférence, surtout avec le studio Madhouse à la manoeuvre, livrant un long métrage d'animation à la facture très réussie, aux dessins propres et aux décors chatoyants.

Le cadre de la montagne tibétaine aux allures magnifiques sert d'écrin à une très jolie histoire d'amitié entre le petit Tenzin, orphelin de mère, et d'un chien errant au pelage doré arrivé depuis peu dans la vallée. Ces deux étrangers au décor dans lequel ils évoluent se trouvent et s'apprivoisent. Lentement. D'abord sur la défensive, babines retroussées d'un côté et peur de l'autre, matinée du désir de faire le premier pas. Peu à peu, la confiance s'installe. Le petit Tenzin reporte tout l'amour qu'il n'a pas de la part de son père vers ce nouveau compagnon. Le chien, lui, trouve chez le garçon un maître qu'il a perdu.

Alors que les enjeux se tendent et que le chien de Tenzin est accusé d'avoir tué des villageois et du bétail, le film bascule dans une traque sans merci, le duo se retrouvant poursuivi par des brigands alors qu'eux mêmes semblent suivre la trace d'un animal tout droit sorti de l'enfer, véritable coupable des drames. C'est là que bat le coeur du film qui a su, au préalable, rendre attachant autant le petit garçon que le chien qu'il a sauvé. Tout comme l'amitié précieuse qui les unit, amitié que le spectateur a peur de voir voler en éclats à mesure que les circonstances s'assombrissent. Jusqu'à ce duel désespéré en pleine montagne, à cet affrontement sans issue avec un véritable démon. Jusqu'à cette gorge qui se noue et ses larmes brûlantes.

Le Chien du Tibet, tout film d'animation qu'il soit, tout naïf ou simpliste peut-il être considéré, joue avec les émotions et retourne le coeur comme une crêpe et par surprise, comme a pu le faire en son temps Monstre et Cie. Parce que cette amitié touchante est juste belle. Parce que cette relation est juste et fragile. Et exclusive, parce que Tenzin a du mal à s'intégrer dans son nouvel environnement qui lui semble hostile et que son père est incapable de trouver les mots pour lui dire qu'il l'aime.

Le Chien du Tibet célèbre autant la nature et sa majestée que les sentiments exarcerbés de l'enfance blessée qui s'enflamme. Et les larmes aux yeux, je me souviens de cette projection, celle où j'ai découvert le film pour la première fois et où j'essayais, déjà, de cacher ce qui rougissait mes yeux.

Behind_the_Mask, qui a envie d'adopter un petit chiot.