Rapidement, sans me relire, brut de brut: cette salle sur Paris était complète, impossible de la quitter en cours de film sans se faire écharper sur l’autel de la stupidité... Et pourtant! Impossible de m’endormir, mon voisin de gauche émettant constamment de petits bruits secs et insupportables avec sa bouche tout au long de cette interminable séance, tout aussi impossible de prêter une attention soutenue à l’écran, je décidais donc de me focaliser sur l’interaction entre le produit et ses consommateurs, entre le navet formaté et sa réception dans toutes ces têtes tournées vers la factice lumière. Rien que le pitoyable traitement de l’aspect mythologique démolit d’entrée un synopsis déjà frappé de nanisme et d’acculturation. Bon,nous sommes en contexte de divertissement et le vulgum n’est pas censé rentrer en thèse d’histoire des religions encore moins travailler sur la symbolique des principes supérieurs que représentent les dieux grecs...mais tout de même. Mais le terrifiant spectacle était dans la salle: il fallait voir et entendre les gens réagir exactement aux sollicitations machiavéliques des concepteurs: rire à des scènes d’une insipidité flagrante, tressaillir à des combats mille fois vus, s’émouvoir sur les pathétiques discours rassembleurs du héros, avaler toute la grosse batterie d’outre-atlantique comme un fast-food dégoulinant de sauce graisseuse... Ah, le bon peuple. Une perception intéressante tout de même. Nous avons là un “film de hangar”, dont les seules échappées visuelles sont numériques... Et c’est ici que j’ai ressenti l’essoufflement de la machinerie: la ville d’Argos par exemple, enchassée dans une rocaille d’une improbable sécheresse n’est crédible en aucun point, même onirique...et la scène qui suit, celle des soldats arpentant les rues du décor, hurle de fausseté. Ne parlons pas de cette créature du désert piquée à Star Wars années 70 qui ramène aux Gremlins. Et tout le film est à l’avenant d’un point de vue visuel. Les acteurs. Alors là, il faudrait faire une quête spéciale pour ces pauvres vedettes qui cachetonnent ici péniblement, histoire de financer leur Prosac. Sam Worthington excepté. Lui est tout à fait à sa place. Bouledogue bodybuildé au faciès de catcheur vaincu, c’est l’anti-jeu par excellence et malheureusement un symptôme du moment. Passons. Il n’est guère que Pégase qui porte beau, (non pardon), mais il n’aurait pas fallu prendre un frison, qui donne à un Sammy très peu cavalier l’air de soulager constamment la pression sur ses hémorroïdes. ( Mais que voulez-vous,le voilà encore plus en avant!) Pfffft je vais me coucher, l’expérience fut plus éprouvante que je veux bien l’admettre. Que les intellectuels à tendance suicidaire évitent ce genre d’expérience sociologique, c’est incomparablement dangereux, tout la dose de compassion se muant incompréhensiblement en misanthropie aigüe, pour de rire tout de même...
Rat
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le 23 mars 2013

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