Clochemerle, normalement, c’est supposé vous dire quelque chose, tant les aventures de la petite ville inventée par Gabriel Chevalier sont entrées dans l’imaginaire collectif, avec ses querelles de voisinage, son urinoir contre l’église et autres péripéties publiées depuis 1934 en plus de 26 langues et quelques millions d’exemplaires…

En 1948, Pierre Chenal a réalisé une adaptation pour le cinéma, en 1951, Chevalier propose une première suite littéraire, Clochemerle-Babylone qui sera à son tour adaptée au cinéma en 1957 sous ce titre savoureux : Le chômeur de Clochemerle.

Le chômeur en question, c’est Tistin, le poil dans la main, le cœur grand comme ça, l’âme buissonnière… Un mélange entre le Blaireau d’Alphonse Allais qui sera adapté l’année suivante et Alexandre le bienheureux qui suivra dix années plus tard…

Dans ce pays de Cocagne qu’est Clochemerle, Tistin n’a pas eu la chance de naître en héritant comme presque tout le monde d’un bout de ces merveilleuses vignes qu’une généreuse divinité à réparti tout autour de la commune, d’ailleurs le vin, lui, il préfère le boire chez l’Adèle que le mettre en fûts, ce que je peux très bien comprendre… Aussi, un beau jour, ce fainéant magnifique trouve la recette miracle et se présente à la mairie afin de devenir le premier, unique et exceptionnel chômeur de Clochemerle… A partir de là, tout va à vau-l'eau, forcément...

Fernandel et construction cinématographique classique obligent, l’histoire tourne principalement autour de Tistin qui n’était, dans l’œuvre originale, qu’un des petits morceaux de cette vie foisonnante de campagne française… C’est la petite ville l’héroïne, normalement, pas le nouveau curé, le sénateur-maire, les deux grenouilles de bénitier, la prostituée locale, le garde-champêtre, la veuve joyeuse, le sonneur de cloches, le marchand de vélocipèdes ni même ce brave chômeur de Fernandel… Enfin, j’imagine qu’il faut se faire une raison…

Parce que sinon, c’est quand même merveilleux tout plein, il y a des chopines de toutes les couleurs, des scies à métaux dans les miches de pain des prisonniers, du saucisson gras et sec, des débats théologiques de haut vol et de la médisance campagnarde acerbe… Gabriel Chevalier a du terriblement inspirer Giovannino Guareschi pour ses Don Camillo qui commencent à sortir en 1948, et ce n’est que justice de retrouver ici son interprète magnifique dans un rôle un peu moins flamboyant…

Alors, oui, le film ne décolle jamais au-delà de ce petit charme qui m’émeut terriblement, une grosse partie du casting laisse tristement à désirer, tout le potentiel de Clochemerle n’est pas utilisé et vous trouverez tous ça affreusement franchouillard à l’exception des quatre habituels…

Et pourtant…

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le 11 sept. 2013

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Torpenn

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