En 1977, la Shaw Brothers produit The Mighty Peking Man, remake HK de King Kong, carton-pâte en prime. Réalisé par l'excellent Ho Meng-Hua, dont on connaît les wu xia pian et les films de kung-fu pian (un souvenir ému de la magnifique Cheng Pei Pei dans les Griffes de jade), c'est un exemple réussi de film bis : des trucages parfaitement apparents, un respect du scénario original rythme compris, des invraisemblances à tous niveaux.

L'histoire débute à Hongkong, où un promoteur (le Méchant) engage un explorateur (le Gentil, ou le Jeune Premier, aka Chen) pour aller chasser une grosse bébette sur un versant de l'Himalaya en Inde. Là-bas, tout le monde parle cantonnais, c'est bien connu, et voici la troupe recrutée pour la circonstance escaladant des montagnes abruptes, luttant contre les dangerosités de la jungle (attaque d'un troupeau d'éléphants, déferlement de tigres). Le Jeune Premier est finalement abandonné par ses couards de collègues et le voici qui tombe nez à nez avec une bimbo version Ripolin, blonde il va de soi, et parlant seulement un peu cantonnais vu que quand son avion est tombé du ciel tuant ses parents, elle n'avait que cinq ans.

La belle est torride quand elle grimpe comme une guenon à l'arbre, dévoilant une lune de mille feux.
Elle est gentille quand elle s'occupe du Jeune Premier blessé.Elle est maternante quand elle retrouve ses minous Papa la panthère et Titi le tigre.


En deux minutes, la blonde et le Jeune Premier courrent au ralenti sur fond de soleil couchant, ils s'ébrouent dans l'eau et cajolent Papa la panthère. Et bien sûr, comme le monde est ce qu'il est, la dame accepte de parler à son papa de substitution, la terreur en peluche King Wong, qui ira s'exhiber à Hongkong.

Le couple originel ne le sait pas encore mais il a perdu son paradis. C'est vrai quoi! Qu'avaient-ils besoin, ces deux-là, de sauter dans un bateau plutôt que de rester, tranquillou-bilou, dans la pampa avec leurs gros chachats et le machin à poils en guide de bodyguard. Bon sang, ça aurait été sacrément peinard. Mais non, il a fallu qu'ils rentrent dans la civilisation, qu'ils exhibent King Wong au stadium local.

Voilà la bestiole humiliée d'être traitée comme un vulgaire macaque de foire, déprimée d'être séparée de sa blonde, sanglant des hélicos qui le canardent. Il a déjà piétiné la ville de carton, réduit des dizaines de Hongkongais en flaque de sang orange; il est maintenant en haut de la tour, on espère Bruce Willis; mais las, Apocalypse Now a copulé avec Peur sur la ville, les hélicos répendent la mort, le héros vacille et vacille encore. Et comme Minos, dans un mouvement infini, Toto-à-poils dégringole.

A l'époque de la sortie française, à la fin des années 70, les films bis se regardaient par deux, dans des salles qui leur étaient dévouées. On ne peut qu'imaginer, nous autres pauvres jeunots, la joie de passer son après-midi entre un monstre poilu et un shaolin en apprentissage. La légende - ou plutôt le Web - dit que c'est Quentin tarantino qui a relancé le Mighty, en le sortant en DVD. Quoi qu'il en soit, on remercie, une fois de plus, la Shaw d'avoir produit cette merveille de kitch and action.
Missdynamite
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le 25 avr. 2011

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