Un doudou envahissant.

Mel Gibson joue un homme en pleine dépression, dont le salut va venir d'une peluche de castor, qui va le rendre non seulement ventriloque, mais va en quelque sorte le posséder, sous les éberlués de sa famille et son entourage.

Jodie Foster, qui réalise et joue, s'est battue pour imposer Mel Gibson, alors tricard aux yeux des Studios pour ses dérives antisémites, et j'y vois plus un autoportrait (in)conscient d'un type au bout du rouleau, qui semble avoir atteint un pic dans sa vie, et qui se relance, et veut sans doute disparaitre, via cette poupée où il ne s'exprime plus que par ce biais.
De ce point de vue-là, c'est touchant, Mel jouant quelqu'un de blessé, de fragile, qui semble être un autre, jusqu'à changer sa voix, quand sa main gauche est habitée. Je dirais que quand ça concerne le personnage, et l'interaction qu'il a avec sa famille, au départ amusée, puis inquiète de ses changements d'humeur, le film me plait.

Sauf que Jodie Foster a cru bon d'ajouter toute une intrigue où son fils, Anton Yelchin, flirte avec une lycéenne, Jennifer Lawrence, et ça répète jusqu'à la lourdeur cette idée du changement qui parcourt le film, alors que ce qui arrive à Mel Gibson suffisait.
Cette marionnette, un castor tout moche, vaut parfois de jolis moments, comme le diner entre Foster et Gibson où celle-ci lui a interdit de faire intervenir sa peluche, le faisant parler en son nom propre, et on voit que sans ça, il a l'air de retomber dans ses travers. Ou alors des retrouvailles plus intimes, qui ne se font que par l'intermédiaire de cette poupée, ce qui est parfois saugrenu.

Jodie Foster a offert à son ami Mel Gibson une forme de rédemption avec ce film, peut-être un peu trop lourd malgré sa courte durée, mais qui offre le portrait d'un homme qui voulait disparaitre.