Quinze jours que je me dis que je dois faire une critique du congrès ; quel procrastinateur je fais…

Tiré d’un roman (ou nouvelle) de Stanislas Lem, l’auteur de Solaris, le film promettait d’être un minimum décent et m’attirait en cela plus que les blockbusters du moment qui n’ont pas l’air d’avoir de très bons retours. Mais le film est plus que cela. Le congrès est en effet une très bonne surprise et sans doute le film à aller voir si Man of Steel et autres Star Trek ne vous disent rien.
Donc. Le congrès nous fait entrer brut de décoffrage dans la vie d’une Robin Wright qui joue son propre rôle et à qui on propose de vendre son image, un « scan », qui deviendra la possession de la « Miramount » et qui pourra être utilisée à l’envi par celle-ci.
Qu’on ne s’y trompe pas, non ce n’est pas du cinéma qui regarde son propre nombril. C’est bien de nous tous dont il s’agit. Nous déléguons tous une partie de nos vies privées vers des espaces autres, étrangers. Facebook, twitter, google, ça vous dit quelque chose ? (certes c’est un peu facile de leur taper dessus) Qui sait ce qu’ils seront capables de faire à longue échéance ? Peut-être pas de nous remplacer ou « recréer » comme dans ce film, mais la question a le mérite d’être posée.
Le film tape également fort et juste sur la démission générale devant le pouvoir ici symbolisé par la Miramount. Voir le discours de l’agent de Robin Wright, d’un cynisme assez hallucinant, justifiant la restriction de la liberté par le fait que non, on ne serait pas libre ! Terriblement actuel, car ce discours, on l’entend fréquemment sous diverses formes, plus ou moins déguisé, mais cela revient à ça.
Le même agent aura un discours plus sincère pendant le scan ; on sent qu’à travers lui, Ari Folman parle davantage du cinéma tel qu’il l’aime, un art qui nous ment toujours un peu mais qui nous aide toujours à vivre.

La deuxième partie elle, suscitera peut-être moins l’adhésion. Des années plus tard, l’espace de la miramount n’est réservé qu’à ceux qui prennent une drogue leur permettant de se voir évoluer au sein d’un gigantesque dessin animé. Et c’est la descente aux enfers programmée pour « animated Robin ». La métaphore du monde moderne se poursuit, avec la technologie comme opium du peuple et le choix qui va se poser de sortir du DA.
Enfin comme je le disais, le choix de réaliser toute une partie en animation ne passera peut-être pas chez tout le monde. A voir selon vos goûts, si les images que vous avez vu à droite et à gauche vous attirent ou vous révulsent.
J’avais aussi lu une ou deux critiques sur l’aspect « new age » de cette partie mais je crois plutôt que le film est osé car il montre au contraire comment ceux-là même qui prétendent être à l’écart se font précisément anesthésier par le système. Une sorte d’avertissement…

Ah et puis je rehausse ma note. Certes le rythme est plus relâché en deuxième partie mais je me trouve un peu sévère avec ce 7.
Silentum
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le 20 juil. 2013

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Florent

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