Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

Edit : Après avoir réfléchi à la vie je me suis rendu compte du sens de cette histoire et à quel point elle est en réalité universelle et juste.
Kaguya grandit vite, elle vit en accéléré et franchit toutes les étapes de la vie en un temps record. En fait ce conte ne nous dit pas comment vivre notre vie, mais plutôt, Kaguya personnifie une vie en résumé, avec ses éléments les plus simples, ses étapes, ses deuils et ses joies, auxquelles nul n'échappe.
Il y a l'enfance, centrée sur soi, comme dans un cocon (les bordures sont indéfinies, comme si le monde n'existait pas en dehors de l'action), faite d'une joie simple, de jeux et d'amitié.
Puis on grandit et l'ego arrive. On commence à se décentrer, à vouloir découvrir le monde, acquérir des richesses, des biens matériels et de la reconnaissance, les filles veulent être belles, s'intéressent aux parures et éprouvent une grande joie et un espoir fou en découvrant ce que le monde a à offrir en dehors du cocon familial. Inévitablement viennent les premières déceptions et réalisations quant à la vanité de ce monde et la bassesse de ceux qui peuvent y vivre.
Puis on devient adulte et les responsabilités viennent, en même temps qu'une stabilité émotionnelle et un statut qui fait qu'on est vraiment une personne à part entière. La vie est plus fade, moins étonnante, on est moins émerveillé, on essaie de se divertir comme on peut et on s'amuse du caractère absurde de la vie et du comportement d'autrui.
Finalement, vient le moment où on se recentre sur soi-même. On va bientôt mourir, il nous reste peu de temps pour profiter de la vie terrestre et les ambitions n'ont plus vraiment de sens. On apprend à profiter des choses simples et on fait le deuil de sa vie terrestre. On verse quelques larmes de regret avant de rejoindre les cieux.
Cette histoire est en réalité un vrai tour de force, avec une portée symbolique profonde et pleine de vérité, comme seules les histoires anciennes, éprouvées et polies par le temps peuvent l'être.


Critique originale :
Je m'attendais à une histoire beaucoup plus mignonne, poétique, "feel good" mais au final ça m'a déprimé. Isao Takahata a un regard plutôt sombre sur l'humanité à en juger par ce film et par "le tombeau des lucioles". C'est étrangement contrasté avec le côté "pour enfant" de l'animation. Encore le tombeau des lucioles on pouvait s'en douter, ça parlait de la guerre.
Ce film laisse peu d'espoir.
Peut-être que ce conte a été transmis parce qu'il parle d'un peu tout le monde et peut les faire rêver. Ceux qui aiment la nature, qui veulent une vie simple et humble. Ceux qui aiment les artifices et être aimé par tous et le plus possible. Ceux qui aiment se détacher de tout ça. Et le film évoque les bons et les mauvais côtés qui vont avec toutes ces options. Il y a donc du rêve et de la catharsis.
Et après avoir vu le film, on ne sait que choisir. Ce n'est pas Takahata qui va nous aider.
J'ai l'impression que Cioran aurait aimé cette histoire. Le côté "je n'ai pas choisi de naître, mes parents sont des assassins car ils m'ont condamné à une vie de souffrance et à une mort certaine"
D'un autre côté, il y a des moments de grande beauté dans le film. Mais certains sont d'autant plus amers qu'ils ne sont que des rêves. Ils ont au moins l'honnêteté de finir en cauchemar.

AfroGod
8
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le 28 juin 2020

Critique lue 56 fois

AfroGod

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