Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

Face à certaines œuvres on se retrouve démunis. Cette dernière de Takahata est de celles qui vous transporte du début à la fin, si bien que d'en faire la critique semble difficile et futile. Parce que tout est réussi et la beauté presque trop évidente pour la relater. Tentons tout de même d'éclairer ce soleil et peut-être de filtrer cette luminosité pour éviter l'éblouissement.

Graphiquement c'est magnifique, les dessins sont fabuleux. Isao Takahata a le don incroyable de varier les styles. Au gré de l'atmosphère qui oscille, les traits peuvent être raides ou délicats. Selon l'ambiance l'image alterne entre grisaille et couleurs printanières. Esthétiquement c'est remarquable, une performance plastique qui s'accorde aux différentes humeurs de la princesse et aux saisons. L'animation exprime très bien les peurs, les colères, les joies et autres sentiments forts qui traversent les personnages. Une histoire qui déborde d'émotions et donc de vie.

Jusqu'au bout du conte on est épris de "pousse de bambous" et son histoire fantasque. Dans les traditions du conte ce récit est plein de poésie et de rêverie. L'introduction est déjà fascinante, cela ressemble à un livre animé. "Le Conte de la princesse Kaguya" commence sur un ton innocent qui éveil notre âme d'enfant. On cours après les pas grandissants d'une future altesse. Pourtant elle grandit au sein d'une famille de paysans et ce cadre bucolique lui va à ravir, l'histoire d'Heidi au fond. La joie de vivre de cette enfant est communicative, autant que son désarroi qui suivra.
Son père est exaspérant, lui qui au départ est très touchant. La dévotion qu'il voue à sa « petite princesse » devient une obsession bornée et finit même en ambition très personnelle. Ce comportement consternant est très exagéré mais confronté à l'écoute de sa mère ça accentue le tiraillement de Kaguya. Ce conte n'impose pas de morale simpliste mais pose un regard significatif sur la société japonaise mais aussi la beauté de l'enfance.

Cette fable soulève parfaitement toute l'absurdité des castes et les convoitises qu'elle attisent. Les hommes se jettent aux pieds d'une parfaite inconnue. La princesse fait alors preuve d'un grand esprit en les envoyant concrétiser leurs belles paroles. Ils sont ridiculisés comme le papa arriviste. Kaguya voudrait rester la petite "pousse de bambous" qu'elle était.
La petite Heidi a aussi un côté Peter Pan. Prisonnière de sa tour d'ivoire elle ne veut que retrouver ses amis, courir dans les champs et redescendre sur ses terres. Ce qu'elle comprend une fois étreinte ce n'est pas qu'elle doit revenir sur la lune, mais qu'elle deviens inéluctablement une adulte. Cette métaphore permet de voir la conclusion sous un angle moins triste.

Le sous-propos pragmatique n'estompe jamais l'évasion de ce récit fantastique. Cette légende de la fille du coupeur de bambous répond à toute la rêverie et la beauté d'un conte. Une aventure pleine de charmes à tout les niveaux. Des personnages touchants, une magnifique musique et un esthétique admirable dans le dessin. A son crépuscule, le studio Ghibli vient d'offrir une petite sœur à Chihiro.

Créée

le 10 août 2014

Critique lue 382 fois

5 j'aime

Adam Kesher

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5

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