Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

Isao Takahata m'avait déjà beaucoup ému avec Le Tombeau des Lucioles dans lequel j'avais découvert la profondeur des dessins animés asiatiques et plus généralement celle de son cinéma.
Pendant près de 2h20 j'ai l'impression d'avoir exploré toute la palette des émotions possibles, de la même manière que Takahata a déployé sa palette de couleurs et de traits. Sublimes, vraiment sublimes bien qu’imprécis, ces dessins laissent encore plus de place à la sensibilité qui se sent alors libre de s'émouvoir. Il y a des séquences fantastiques graphiquement avec des trouvailles qui relèvent du génie. J'avais souvent envie d'arrêter l'image pour pouvoir capter l'immense richesse de la plupart des plans.
C'est une film en en deux parties. La première est pleine de vie, consacrée à la vie de la petite fille en communion avec la nature et les traditions paysannes. Une sorte de retour aux sources. Les rires, les chants, le vent, tout est harmonie. En harmonie avec la nature. Un véritable hymne à la nature, à sa simplicité, sa beauté innocente, et l'amour qu'elle inspire (d'ailleurs à l'image de la princesse).
La deuxième est plus sombre. Les personnages se préoccupent de choses plus "graves", "sérieuses", relatives à la vie adulte, à la capitale, à la société écrasant l'amour "naturel". Le spectateur se crispent alors face à une situation qui semble inextricable. La princesse doit-elle écouter son coeur qui lui insuffle une liberté immense, ou bien doit-elle obéir à ses parents et se fondre dans les habits adultes ? C'est un des nombreux problèmes que posent le film.
J'évoquerai celui-ci mais le film balaye bien d'autres thèmes, souvent très subtiles, et c'est bien cela qui le rend riche car suscitant indéniablement une réflexion. Tous les personnages sont intéressants et mériterais d'être analysé (le personnage du père par exemple est très ambigu je trouve). On constate donc qu'à la richesse visuelle, s'ajoute la richesse "thématique" et enfin la richesse musicale. Je me vois obliger de réduire à ces quelques critères, je m'en excuse mais sinon je serais tentée de parler de tout...
J'ai frissonné, pleuré, rit, face à la beauté et la dureté de la vie de cette princesse universelle, qui réside à mon sens en chacun de nous. Nous avons tous il me semble une pousse de bambou en nous qui grandit plus ou moins vite et ne demande qu'à s'épanouir. Seulement, rattrapée par le temps, les sacrifices exigés de la vie, le temps fuit trop vite et finalement ''il est trop tard''. Le Conte de la princesse Kaguya est pour moi un hymne à la vie, à la fois coloré et sombre ; un dessin-animé pour tous qui à coup sûr changera ou du moins bouleversera un petit quelque chose en vous. Si si cherchez bien !
frizzywibe
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les plus belles claques esthétiques et Les meilleurs films d'animation (dessins, 3D, etc.)

Créée

le 29 juin 2014

Critique lue 344 fois

4 j'aime

frizzywibe

Écrit par

Critique lue 344 fois

4

D'autres avis sur Le Conte de la princesse Kaguya

Le Conte de la princesse Kaguya
Hypérion
8

かぐや姫

Isao Takahata réalise avec Kaguya-hime no monogatari une merveille visuelle. S'appuyant sur le meilleur des techniques d'animation dernier cri, son équipe accouche d'un défilé époustouflant d'images...

le 16 juil. 2014

104 j'aime

10

Le Conte de la princesse Kaguya
Eren
10

On en mangerait d'ces nuages !

On ne le dira jamais assez, mais il existe une synergie avec les films GHIBLI. Une sorte d'osmose devant laquelle on peut tous rester ébahi sans l'avoir été pour les mêmes raisons, sans avoir été...

Par

le 29 juin 2014

86 j'aime

10

Le Conte de la princesse Kaguya
SeigneurAo
9

Takenoko !

Le conte de la Princesse Kaguya est passionnant à plusieurs titres. Le plus évident est l'envoûtement visuel et auditif procuré tout au long de la séance. Première collaboration entre Takahata et...

le 12 juin 2014

67 j'aime

44

Du même critique

Bonnie et Clyde
frizzywibe
5

Grand film de société, c'en reste là.

Bonnie and Clyde : Le couple mythique aurait bien eu droit à un film à son image. Malheureusement ça n'est pas le cas. Oui c'est un film qui marque une rupture dans le cinéma de l'époque (premier...

le 8 mai 2014

6 j'aime

1

Le Conte de la princesse Kaguya
frizzywibe
9

Un hymne à la vie

Isao Takahata m'avait déjà beaucoup ému avec Le Tombeau des Lucioles dans lequel j'avais découvert la profondeur des dessins animés asiatiques et plus généralement celle de son cinéma. Pendant près...

le 29 juin 2014

4 j'aime

L'Institutrice
frizzywibe
8

Le Film-poésie ou la poésie filmée

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film s'approcher aussi près de la poésie, de sa source pure et mystérieuse, de sa force, enfin de sa violence sublime. C'est pourtant le cas de...

le 8 oct. 2014

1 j'aime

8