Du très grand cinéma d'aventure…


La présentation des quatre protagonistes est un modèle de sécheresse et d'efficacité. Une fois réunis dans un pays indéterminé d'Amérique centrale, Friedkin rend palpable l'ennui qui ronge ses personnages, le climat inhospitalier qui fait suinter la sueur et le désespoir. L'atmosphère est viciée de corruption, de misère sociale, et c'est avec une rigueur quasi-documentaire que le cinéaste filme le travail inhumain sur le chantier pétrolier.


Quatre hommes qui ne se connaissent pas (un tueur à gages, un banquier français ruiné, un terroriste arabe et un gangster américain) vont se lancer dans une mission suicide, conduire deux camions remplis de nitroglycérine pour éteindre un puits de pétrole enflammé. Entre ces hommes il n'y aura pas de fraternisation, leur seule visée est de toucher la prime qui leur permettra de quitter cet enfer terrestre.


Friedkin filme alors une épopée dérisoire. De la traversée incroyable des camions sur un pont branlant fouetté par une pluie torrentielle, en passant par la lente préparation d'un explosif destiné à faire sauter un tronc qui obture le passage de ces monstres de tôles et d'acier, rien n'est épargné aux personnages…ni au spectateur, abasourdi par cette odyssée aux confins de la folie.


Comment oublier, les divagations de Roy Scheider dans des paysages fantomatiques tandis que Francisco Rabal agonise à ses pieds ? Ou le même Roy Scheider portant, à la main, une caisse de nitroglycérine vers le puits enflammé avant de s'écrouler à terre ?


Sorcerer est un film démesuré, contaminé par le génie de son réalisateur.

Créée

le 30 janv. 2018

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