L'enfer vert.
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« Le convoi de la peur » de William Friedkin impose un rythme d’enfer dès son prologue présentant chacun des personnages principaux. Violentes et spectaculaires, ces premières séquences presque sans paroles annoncent l’ambition du film : plonger le spectateur dans une course folle, celle d’un convoi de nitroglycérine se baladant sur une centaine de kilomètres dans la jungle sud-américaine.
Si le film n’est pas d’une grande profondeur scénaristique, il développe tout de même des personnages loin des archétypes. Un banquier français en banqueroute, un braqueur new-yorkais et un terroriste arabe : ils ont tous trois de bonnes raisons de s’être réfugiés dans ce trou pourri où ils travaillent péniblement dans une raffinerie de pétrole. Avec leurs gueules atypiques, les acteurs marquent tout en étant parfaitement méconnus. Loin de tout symbolisme, ces protagonistes sont montrés dans tous leurs travers, comme la lâcheté et la cupidité, mais aussi dans leur humanité : pour sortir de ce trou à rat et retrouver leurs vies antérieures, ils sont prêts à tout. Même à une opération suicide au cœur de la jungle, donnant lieu à de superbes paysages foisonnants de végétations ou désertiques (et quel désert !) pour une des dernières scènes. Et même si cette aventure est inévitablement vaine et insensée, elle aura valu le coup d’être vécu !
Le principal plaisir qu’on éprouve devant cette œuvre est la réalisation de Friedkin. Une mise en scène audacieuse, multipliant les plans remarquables, comme une caméra à la première personne lors de scènes de voiture et d’avion, des effets caméra à l’épaule omniprésent aujourd’hui mais assez rare pour l’époque, et un montage millimétré pour les scènes d’actions. Tout cela conférant au film un vent de modernité, il n’a définitivement pas pris une ride. Rajoutez à cela une narration très visuelle, faisant tout comprendre avec le minimum de dialogue, et vous obtenez une tension ininterrompue durant les deux heures de visionnage. Friedkin se permet enfin quelques images très fortes esthétiquement, à commencer par ces gerbes de flammes (et notamment le plan nocturne à la fin du film, superbe) qu’on retrouve à différents moments, symbolisant la quête destructrice, flamboyante et fulgurante des personnages.
Très astucieux dans sa mise en scène, passionnant dans la tension qu’il distille, « Le Convoi de la peur » est un grand spectacle, étonnant et sans concession.
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le 2 juil. 2015
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