Ressorti en 2015 (exhumé serait plus juste), Sorcerer a reçu une exposition médiatique sans précédent, classé 1er des 100 films les plus méconnus par le magazine Première. Au visionnage, j'ai trouvé le retour du balancier un peu fort : Sorcerer n'était pas un navet, il n'est pas subitement devenu un chef d’œuvre.


Préambule : Sorcerer est le remake du Salaire de la peur, grand film de Clouzot. Ayant vu les deux, il m'est impossible de faire une critique autrement qu'en comparant les deux films. La grosse différence réside dans le nombre de protagonistes, un duo chez Clouzot, un quatuor (et deux camions) chez Friedkin.


Au crédit de Sorcerer, je mettrai une introduction mieux fichue. La caméra suit l'élément déclencheur de la fuite des quatre protagonistes, un mafieux, un tueur, un activiste pro-palestinien et un banquier d'affaire français (Bruno Crémer, alias Maigret). Ces quatre courts-métrage tiennent lieu de descriptifs de la personnalité des uns et des autres. Le montage est brillant, mais je reste sur sa faim en matière de profondeur psychologique (un choix de Friedkin, à mon avis). Les acteurs ne sont pas de très haute volée, et je ne peux pas m'empêcher de penser que Steve McQueen, pressenti pour le rôle principal, aurait eu plus d'allure et de charisme. Heureusement, on évite la reprise plombante du personnage de Véra Clouzot.


Sorcerer plonge ensuite presque directement dans l'action. Dans le film de Clouzot, la peur nait de la lenteur. On se dit que la nitro peut vraiment exploser à tout moment. Dans cette version, on roule à tombeau ouvert dans des chemins forestiers. Seule la fameuse scène du pont, par son rythme, parvient au même effet que l'original.


Passé le générique, je me dis que Le salaire de la peur et Sorcerer sont deux films ancrés dans leur époque, deux films datés et témoins de leur temps. De vrais cas d'école, montrant l'évolution des techniques et des conditions de tournages, autant que le rapport au personnage.
Je garde une préférence pour le Clouzot, à la fois plus noir et plus humain.


LA FIN, RACONTÉE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ / EMMERDER VOTRE VOISIN / S'EN SOUVENIR :


Comme dans le film de Clouzot, il n'y a qu'un seul survivant qui amène la nitro. Le français et le palestinien sont sortis de la route en parlant chiffon, le tueur à gage s'est fait descendre par des guérilleros. De façon totalement ridicule, le mafieux arrive à destination en portant sa caisse de nitro et en trébuchant tous les 2 mètres. La toute fin est un poil plus ouverte que celle de Clouzot : on voit des types d'un clan mafieux opposé à celui du personnage qui entrent dans un bar. Clap de fin.

Minostel
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le 8 sept. 2016

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Minostel

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