L'autre jour, j'ai vu un chouette reportage dans lequel les gens fonçaient s'enterrer dans de sombres lotissements aux doux noms verdoyants tout en retraçant la méthodologie de cloisonnement opérés par d'autres gens au sérieux éloquent, à la méticulosité nous rappelant le croque mort de Lucky Luke.


Un constat particulier pendant le visionnage nous amène à penser que ces lieux peuvent s'avérer corrects tant que les deux voitures roulent, que les enfants ne sont pas assez grands pour imaginer le sexe à deux (ou plus), que le travail apporte de l'eau au moulin, de l'essence au réservoir, qu'il n'y a pas trop de pistes cyclables qui créent des bouchons etc...


Au moindre accroc, se révèle l'enclavement dans lequel se fourvoie une grande partie de la population tel un piège posé il y a des milliers d'années par un chasseur cueilleur.


Voici le décor dans lequel Costa Gavras va faire interagir ses personnages, gravitant tous autour de José Garcia, bourreau d'ingénieurs et victime de plusieurs de ses choix de vie. Deux visages et un traitement inégal de chacun qui nuit au film tant la partie faible est la plus présente à l'écran.


Le bourreau


Si besoin en est, je vous précise que les personnages concurrents de Bruno Davert ne sont pas vraiment morts. Chose évidente d'un point de vue fictionnel, pourtant la mise en scène gradue chaque étape en relevant une, sinon plusieurs, différence avec le personnage central nous inspirant la futilité de chaque meurtre à un point qu'ils sont quasiment invalidés. Disons plutôt que le jeu de mots avec élimination est plus précis. Tous, après une longue période de chômage, sont embarqués dans de nouvelles perspectives de la vie, négative ou positive, qui les disqualifient d'emblée aux phases finales alors que Davert s'obstine au point de mettre tout son équilibre familial en péril.


La victime


A 41 ans, Bruno Davert a réalisé tout ce qu'on attendait de lui, une hyperspécialisation, une gentille femme et deux merveilleux enfants, des crédits, une télé allumée toute la journée etc... Une fois au chômage, il déprime et se rend compte que tout ça, c'est de la merde. C'est ici que le bat blesse, en étant incapable d'exposer autre chose qu'une famille modèle, la crédibilité n'y est pas du tout. C'est malheureux car j'aime bien Karine Viard mais il lui faudra beaucoup de temps, d'acharnement et de soutien de la part du scénario pour imposer un peu de sa personnalité dans le couple. Les enfants, comme souvent, sont insipides et si le cliché du gosse qui se retrouve au commissariat peut faire monter la mayonnaise en mélangeant l'aléa avec les déboires du père, là encore, la mise en œuvre confère au risible.


En fait tout ce tralala familal, ça l'emmerde, lui ce qu'il veut c'est bosser, réussir. S'il a du temps pour s'occuper des siens, ça ne lui effleure même pas l'esprit. Finalement, ces meurtres ne sont que des fantasmes, un prétexte pour illustrer un panorama désolant du monde du travail à travers les expériences des supposées victimes.


De tout cela se dégage une morale, et ce n'est pas tant envers le capitalisme que le discours s'attaque mais à une cellule, à une particule élémentaire de ce système.

Toshiba
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le 23 juin 2020

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