Un "cousin", dans le jargon policier, c'est un indic (enfin, si on se fie au film; perso, j'ai pas vérifié, mais je fais confiance).
Le film marquait enfin le retour de Corneau au polar, genre qui l'avait fait connaître (et dans lequel il a signé quelques uns des films marquants du cinéma français, comme le Choix des armes, Police Python 357 ou Série Noire). Et, dans le genre, c'est plutôt une réussite.
Le grand pari du film c'est de confier les deux rôles principaux à deux comiques à contre-emploi. Et si Timsit n'est que moyennement convaincant en petit trafiquant, Chabat est formidable en policier borderline tiraillé entre plusieurs options, toutes mauvaises.

Chabat incarne donc Gérard, policier qui, suite au suicide d'un collègue, récupère son "cousin", surnommé Nounours. Très vite, il va être pris en plein dilemme : son amitié pour l'indic d'un côté, et son devoir envers la justice, puisqu'une juge d'instruction (interprétée par Marie Trintignant, excellente comme toujours) veut arrêter Nounours pour trafic de drogue. Si, à ce là, vous ajoutez de gros trafiquant internationaux (très peu commode) et le couple de Gérard qui part en vrille, vous avez un imbroglio qui vous tiendra en haleine pendant tout le film.

Corneau fait le pari d'un réalisme plutôt sanglant et brutal. Il ne nous cache pas tout le travail parfois fastidieux de la police (avec ses journées entières à remplir de la paperasse, l'accueil détestable qui leur est réservé dans certains quartiers, etc).
Mais il insiste surtout, et c'est là le plus intéressant, sur l'ambiguïté de ce rapport entre un policier et son indic. Celui qui est censé faire respecter la loi se retrouve à protéger un dealer, voire même à lui fournir sa drogue (un dixième de ce qui a été saisi). La situation est, pour le moins, périlleuse. Et Gérard agit vraiment à l'extrême frontière de l'illégalité (aidant Nounours à vendre sa drogue pour pouvoir financer un gros coup, par exemple; le policier devient alors dealer lui-même).

Dans l'ensemble, c'est donc du bon travail. Tous les seconds rôles sont très bien tenus. Le rythme ne faiblit pas. Un film solide.
SanFelice
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le 3 août 2012

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