Monsieur Ripley avant l'heure ?

Du haut de ses 76 minutes, Le crime de Monsieur Lange est un modèle d'efficacité, où un éditeur va prendre à son compte le roman, Arizona Jim, d'un jeune employé dans sa société, s'octroyant ainsi du succès qui n'est pas le sien. Disparu ensuite dans un accident de train, Monsieur Lange, l'employé abusé en question, va créer avec ses autres collègues une revue où figure à nouveau Arizona Jim...

Je ne veux pas aller plus loin, le film est assez court comme ça, mais saluer la formidable interprétation des comédiens, Jules Berry en tête. Il joue le fameux éditeur roublard qui pique la paternité d'un roman à l'un de ses auteurs, et il fait avec un panache qui le rend irrésistible. D'ailleurs, il faut aimer son cabotinage, qui donne l'impression de parler un peu comme Sacha Guitry, mais je me régale de voir cet acteur en faire des tonnes et représenter au fond le type au-dessus des autres.

Détail amusant, c'est un film en filigrane très engagé politiquement, car la refondation du journal, après la disparition de l'éditeur, se fait sous le régime libertaire, en gros une disparition de la hiérarchie. Vu comment c'est présenté, ça donne envie. De mémoire, je n'avais pas vu ça dans un film français.

Quant à l'histoire proprement dite, elle est au fond très maline, qui nous permet de voir de superbes plans de Paris en 1935, notamment un travelling sur les Champs-Élysées : on voit à plusieurs moments le talent d'esthète de Jean Renoir. C'est une excellente découverte, qui va à vive allure, et rien que pour le numéro de Jules Berry, ça se voit illico !