Au risque de passer pour un jeune adolescent incapable d’apprécier un film sorti avant 1960, je vais vous faire une confidence. J’ai du mal avec les films muets. Compréhensible diront certains, impardonnable diront d’autres, le cinéma muet a toujours été pour moi une zone sombre. C’est pourtant la base du cinéma, ne pas dire, mais montrer l’action. Mais dans l’effet, voir des gens gesticuler avec des interruptions avec des panneaux de texte accompagné de musique classique, ça ne m’a jamais vraiment emballé.
Pourtant, j’étais chaud pour voir Cuirassé Potemkine, mon prof de cinéma le présentait comme le symbole du cinéma soviétique, avec un montage totalement à l’opposé du montage américain.
Cours de cinéma par James Betaman : le montage américain se veut discret et est avant tout au service de l’histoire. Le montage soviétique est bien mis en évidence, et est plus au service d’un message qu’une histoire.
En gros, le montage soviétique colle bien plus à un film de propagande. Et vous savez quoi ? Cuirassé Potemkine est un film de propagande mettant en valeur la révolution russe contre le Tsar en 1917. Le film raconte un évènement qui a eu lieu en 1905, une sorte de révolution avant l’heure lorsque des marins à bord d’un cuirassé se sont révoltés pour prendre le contrôle du bateau, laissant penser qu’une révolution est envisageable. Pas de bol l’armée du Tsar vient faire taire ces cris de révolution dans un massacre sanglant.
Bref.
Il faut également situer le film dans son contexte. Cuirassé Potemkine, a été commandé par l’URSS et réalisé par Sergei Eisenstein en 1925 à l’occasion des vingt ans de cette mini-révolution et reçu un accueil critique très favorable, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.
Et même si j’admets que les nombreux choix artistiques d’Eisenstein sont au service, d’un message, et que dans l’ensemble, le film est superbement réalisé, je me suis fait grave chier. Oui, le message est clair et parfaitement mis en avant. Oui, quand on regarde Cuirassé Potemkine, on a l’impression de voir de vraies images, on a pas l’impression qu’on est face à un film, mais à des images d’archives. Et c’est ce qui fait la principale force du film, il atteint son but.
Mais je ne suis pas le public visé. Disons que voir pendant 1h20, des gens crier à la Révolution, pleurer des martyrs, et se faire massacrer par une armée complètement inhumaine (allant jusqu’à tuer une mère portant son gosse inconscient dans ses bras, ou renversant une poussette avec un bébé dedans), ç à ne m’accroche pas, ou tout simplement, je ne me sens pas concerné. Oui, faire une révolution pour renverser les riches et donner un peu plus aux pauvres est une bonne chose, oui le film prend un parti et met bien en évidence la bravoure des révolutionnaires et la méchanceté des riches, et oui, tout ce qui se passe dans le Cuirassé Potemkine est une métaphore de la révolution russe de 1917. Mais ça ne m’intéresse pas.
Voir un film qui tente de me convaincre qu’une révolution qui a désormais eu lieu il y a cent ans, c’était une super idée, c’est enfoncer des portes ouvertes. Oui, à son époque, le film parlait au public car c’était encore d’actualité, aujourd’hui, ça ne l’est plus, j’ai beau m’intéresser à l’histoire du XXem siècle, mais si quelqu’un veut me convaincre qu’élire telle personne il y a cent ans était une bonne idée, je n’en ai plus rien à foutre. C’est du passé, ça s’est passé ainsi, et ça ne se passera pas autrement. C’est comme tous ces idiots qui disent « imagine ce qui se serait passé si Hitler avait pas été recalé de son école d’art et aurait pas formé le Troisième Reich ». C’est du blabla inutile, de la parlotte creuse, je m’en fous.
Cuirassé Potemkine est un film qui a marqué son époque, mais qui aujourd’hui, n’intéresse plus.