Tout commenca avec une cuillerée de soupe qui avait un goût bizarre.

Il est dit dans ce film que tout a commencé à cause d'une cuillerée de soupe impropre à la consommation. C'est en partie vrai, mais c'est aussi que le commandant du Potemkine était un mauvais chef de projet. Les principales tâches du manager sont, d'après la méthode CPS :

• organiser : organiser la distribution de nourriture, fraiche et saine pour tout l'équipage. Un matelot bien nourri fera son travail avec entrain, améliorant ainsi les performances du cuirassé


• animer : mettre en place une ambiance propice à un travail efficace et bien ordonné. Plus que tout, EVITER LES ANIMOSITES.


• motiver : bien sûr, une partie de l'équipage est motivée pour mettre un terme à la vie d'une autre partie de l'équipage. Mais ce que le chef de projet ici oublie, c'est qu'ils sont tous dans le même bateau, au sens propre comme au sens figuré.


• communiquer : pour un film muet, c'est très bavard. Aller à l'essentiel.


• déléguer : j'avoue que là-dessus le chef de projet se débrouille mieux. Utiliser une partie des ressources encore à son service pour se débarrasser des éléments indésirables.
  Problèmes :
  
  • remplacement des éléments indésirables
  
  
  • fiabilité de la méthode d'élimination


• gérer : mauvaise gestion, donc. Des stocks de nourriture, bien sûr (problème de la DLC), mais aussi mauvaise gestion du personnel (besoin d'une meilleure anticipation des conflits potentiels), sécurité mal gérée, fusils trop facilement accessibles.


• analyser : son analyse des rapports de force à bord du Potemkine et plus globalement, en Russie, manque cruellement de pertinence.


• décider : plusieurs décisions malencontreuses. D'abord, demander aux sous-officiers satisfaits par la qualité de la nourriture de fusiller une part aléatoire de l'équipage non-satisfaits par la qualité de la nourriture. Choix risqué : que faire si le manque de satisfaction perdure ? Ensuite, si l'approvisionnement en nourriture fait défaut, pourquoi ne pas s'approvisionner ailleurs ? Enfin, décision d'en finir soi-même avec le meneur en dehors de son champ de compétences.
  Dernière compétence du chef de projet, et non des moindres : prévoir. Premièrement, prévoir que les événements d'Odessa influerait forcément sur le tempérament de l'équipage, deuxièmement que les évolutions technologiques de l'époque impliquaient un changement de la gestion du personnel, plus de flexibilité, assouplissement des mesures coercitives prises à l'encontre de l'équipage (diminution de la fréquence du nombre de coups de fouet et des brimades verbales...), plus grande implication des salariés aux orientations stratégiques de l'entreprise. A plus long terme, anticiper l'évolution politique russe, et, si nécessaire, envisager une délocalisation dans un pays avec plus de fluidité dans les relations entre le patronat et le salariat.
  Un grand travail donc à faire au sein de la marine russe de l'époque.