Même dans le film qui lui a été récemment consacré, Jean Lasalle qui n'est pourtant pas un esthète ne parvient pas à rendre la vallée d'Aspe - sa vallée ! - aussi moche. Quentin Dupieux, lui, assure personnellement la direction de la photo et le cadrage pour être sûr que l'image sera miteuse, comme si elle avait été faite par un amateur. S'ensuit un gros délire sur l'acte de filmer et sur l'évocation des petits métiers tellement passionnants qui concourent à la fabrication d'un film (" on ne s'en rend même pas compte quand on est dedans " dit Georges) : producteurs (ils supervisent une scène de bataille sur un glacier sibérien...), monteurs (" la monteuse n'est pas une monture " comme dit Denise ...). Dans la parodie des genres, on échappe de peu au porno pour avoir une bonne rasade de gore et finir en western (avec une superbe musique pour le cas où on n'aurait pas compris que quand il veut, Quentin, il peut faire du travail bien léché). Le problème avec lui, c'est qu'on ne sait pas s'il se moque de lui-même ou du spectateur.
Dommage de ne tirer rien de plus d'acteurs (Dujardin et Haenel) qui auraient pu porter autre chose que ce salmigondis rarement drôle auquel on peut donner toutes les interprétations qu'on voudra : par exemple y voir une réflexion désabusée ou angoissée sur la création cinématographique. Quant au daim, putain ! qu'est-ce qu'il fout là ? Le même Dujardin, partant d'une situation de paumé très proche, jouait, il y a peu, un rôle bien plus intéressant dans " I feel good " de Delépine et Kervern ; peut-être parce que le scénario développait de l'empathie pour les gens, alors que les daims, putain!....