Quentin Dupieux ? C'est particulier ! J'en avais averti tout de même ma compagne avant de nous décider d'aller voir Le Daim dans la salle obscure.
Elle, n'a pas aimé, ce qui a donné droit à une bouderie de fin de soirée de la Fête du Cinéma. Quant à moi, je dois dire que je reste le cul entre deux chaises, entre l'esprit tordu qui m'habite encore et qui me fait apprécier du cinéma décalé et l'autre esprit, plus convenable, plus moral et enclin à l'embourgeoisement total de mon être vieillissant qui aurait tendance à s'encroûter, comme un Garfield grotesque sur la ligne plate de l'ennui, avec la couenne pesante du ventre surplombant la ceinture à l'image des connauds grassouillets qui vont cuire sur les plages bondées.
En moins d'une heure et vingt minutes, on suit les errements d'un pauvre type qui se recherche après une rupture conjugale devinée après une courte conversation téléphonique. Mais Georges (Jean Dujardin) est content, car il a trouvé ce qu'il cherchait : une veste en daim tant convoitée avec un camescope de première main offert en cadeau. Il se sent beau, très stylé, irrésistible dans sa nouvelle tenue qu'il complètera progressivement. Georges rencontre Denise (la jolie Adèle Haenel) dans un bar provincial d'une région montagneuse détrempée par l'humidité hivernale, où notre homme mégalomane héberge dans un hôtel désuet. Ce n'est pas réchauffant tout ça mais ça alourdit l'ambiance qui compose avec des situations plutôt comiques voire peut-être pathétiques. Georges, qui n'a plus un sou, baratine donc Denise en lui faisant croire qu'il fait dans le cinéma et Denise s'associe à lui en tant que monteuse amatrice.
Georges est à l'inverse de la doctrine de Tyler Durden dans le Projet Chaos, car Georges veut être ce flocon de neige merveilleux et unique dans le film qu'il se fait autant dans sa tête. Il projette son narcissisme dans cette veste animale qu'il prend pour un personnage à part entière. Et pour son projet tordu auquel il rend Denise complice et incrédule au premier abord, il dépouille par exigence ou zigouille en dernier recours les gens qu'il aborde afin de les délester de leurs manteaux. Ça finit par virer dans une "dupontellerie" façon Le Créateur en plus sanglant, l'aspect cartoonesque en moins, le sérieux de l'aspect dramatique atténué tout de même par les scènes d'une comédie ici absurde et mortellement tranchante. Ça dézingue à l'humour noir.
Si Le Daim de Quentin Dupieux aspire au rire dans certaines séquences, un fort risque de s'ennuyer peut se manifester parfois. Mais la durée du film fait heureusement que l'on ne trouve pas vraiment le temps long, même si j'en suis sorti plutôt mitigé.
En conclusion : À revoir peut-être.