Télérama écrit "Le thème du couple en fuite n'est pas rare dans le film noir, mais jamais on n'a associé aussi crûment le sexe à la violence." J'en déduis que ce critique n'a jamais rien vu d'autre que Winnie L'ourson, Dora l'exploratrice et autres Pokémon. A moins qu'il existe un film pornographique sado-maso ayant pour titre "le démon des armes", ce dont je doute fortement, il n'y a pas d'autre explication possible; car enfin dans ce film il n'y a pas la moindre évocation de la sexualité, ni même la moindre véritable représentation de violence (pas même une trace de sang). Ce pauvre journaliste risquerait certainement la crise cardiaque en regardant "Bonnie and Clyde"!
Le "sexe et la violence" sont peut-être justement ce qu'il manque le plus à ce film bien trop sage, et cherchant en permanence à nous donner des leçons de morale. Le réalisateur respecte à la lettre les prérogatives du code Hays, en allant même encore plus loin. Pensons par exemple au seul baiser du film filmé pendant un quart de seconde, à la fin d'une scène, de dos, et flouté. De même nous pouvons penser à la condamnation permanente des actes criminels, par l'intermédiaire du personnage principal nous expliquant à tout bout de champ que "c'est mal".
Pourtant le début du film est très réussi : une première scène sous la pluie très stylisée et excellemment mise en scène, une présentation ingénieuse du protagoniste et de sa passion pour les armes, et surtout un pur moment de cinéma hollywoodien lors de la rencontre entre les deux futurs amants. Malheureusement après ce début prometteur, le film s'enfonce dans les clichés mélodramatiques et perd toute complexité. A partir du moment où Bart Tare et Annie Laurie Starr partent ensemble et se marient, le film souffre de la comparaison avec "Bonnie and Clyde". En effet, les rôles deviennent alors clairement définis et immuables, y compris - et c'est là la plus grave erreur- à l'intérieur du couple criminel. Bart est un homme innocent, abhorrant la violence mais amoureux d'une femme tentatrice, cupide - comme on ne cesse de nous le rappeler ("Je veux un homme qui m'apporte le monde" / "Ma fourrure!" / "40 dollars par semaine ce n'est pas vivre...") - et aux pulsions meurtrières. Les amis de Bart sont des gens biens et droits qui ne semblent même pas envisager la possibilité de ne pas dénoncer leur ami. La sœur de Bart (habillée en blanc en opposition aux habits noirs de Annie Laurie Starr - Vive la complexité symbolique!) est douce et aimante. Le directeur de la troupe ambulante est un salaud grossier Etc.
Ce que le film semble exprimer par certaines de ses caractérisations est un message assez réactionnaire en vérité. La femme libre, moderne, portant des pantalons est à condamner alors que la femme docile, qui reste à la maison s'occuper des enfants est un exemple à suivre.
Enfin, le film a encore un gros défaut, que beaucoup de films hollywoodiens d'hier et d'aujourd'hui partagent : une musique omniprésente et insupportable.

Pout toutes ces raisons, "Le Démon des armes" m'a déçu bien qu'il possède quelques qualités indéniables.

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le 7 juin 2015

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hotgavial

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