De très loin le plus grand succès commercial de Bernardo Bertolucci mais également l'une de ses plus belles réussites (comme quoi, l'un n'empêche pas l'autre!), j'ai eu la chance de pouvoir découvrir « Le Dernier Empereur » au cinéma, lui permettant ainsi de s'épanouir dans toute sa grandeur visuelle. D'abord, il faut saluer le fait si rare pour une superproduction de s'intéresser à l'Histoire de la Chine au XXème siècle, et ce qui plus est sur près de soixante ans. L'occasion d'une fresque souvent impressionnante et ne manquant pas de puissance, que ce soit par la richesse d'un scénario manifestement très documenté qu'un style formel plein de maîtrise, voire d'une certaine grandeur, à l'image de la superbe photographie signée Vittorio Storaro.
Voir ainsi cette succession d'événements, ces immenses bouleversements dans une société fait forte impression, tous étant aussi bien décrits avec un vrai souci du romanesque qu'un grand réalisme dans la description, magnifique livre d'images au service d'une période aussi importante que peu connue du grand public. Interprétation très sûre, où l'on croise notamment un Peter O'Toole impérial en précepteur de l'Empereur. Manque, peut-être, juste un peu de souffle épique, l'imposante durée se faisant ressentir dans la dernière ligne droite, moins intense que lors de l'enfance du héros. Reste que ce classique couvert d'Oscar n'a nullement volé son statut, demeurant encore aujourd'hui l'un des rares témoignages cinématographiques de cette période (qui plus est de cette ampleur) : le genre de films qu'il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.