"Dans cette pièce , rien n'est juif, mais tout est enjuivé !"...
Mon titre n'est pas extrait d'un discours de Marine Le Pen — je m'en voudrais de faire de la pub à cette poubelle parlante — mais bel et bien des dialogues somptueux du "dernier métro". C'est Jean-Louis Richard qui s'y exprime en ces termes, incarnant le personnage de Daxiat, quintessence de la France collabo. Un an après, le même Richard incarnera une ordure similaire, à savoir le personnage du colonel Martin, dans "Le professionnel". Ce Lautner de légende offre à Bebel l'un des tous meilleurs personnages de sa carrière : Joss Beaumont, aux côtés de Bernard-Pierre Donnadieu et Robert Hossein, mythiques dans les rôles de l'inspecteur auxiliaire Farge et du commissaire Rosen.
Mais je m'égare. Revenons-on au "dernier métro". Derrière l'anecdote de la pièce et du monde du théâtre, ce film est une merveille de finesse, notamment dans l'analyse de l'attitude des français pendant la 2ème guerre mondiale. On y trouve de tout : des collabos, des résistants, des gouines, des juifs, des goys, des gens qui essayent de faire avec, d'autres qui voudraient faire sans. Tous les acteurs y sont bons, voire très bons.
Ce fait est suffisamment rare pour que je le souligne : le cinéma français souffre cruellement de l'inégalité de jeu des comédiens. Je pense que cela résulte d'un mélange d'héritage de la nouvelle vague et d'une flemme absolue de la part des réalisateurs et/ ou responsables de casting. Ces deux causes ont ouvert la voie à une tonne de blaireaux "fils de" ou "copains de" qui décrédibilisent les films en jouant faux. Non, je n'ai pas parlé de Mélanie Laurent, ni de Vincent Cassel, qu'est-ce que vous me faites dire là... enfin...
Quoi qu'il en soit, peut-être est-ce dû au talent de direction de Truffaut, mais dans "le dernier métro", tout le monde assure. Et je ne parle même pas de la fin, parfaitement raccord avec le propos du film. A voir, et à revoir. Magnifitch.
Confiant comme je le suis en la mentalité des producteurs, je m'étonne qu'on n'ait pas encore eu droit à un remake "Idiocracy-like" de ce chef d'oeuvre avec Kev Adams dans le rôle principal et qui s'intitulerait "Le dernier mec trop"...