C’est avec les retrouvailles d’anciens amis dans un ultime défi que vient se conclure la trilogie Cornetto ou Three Flavors Cornetto Trilogy (chacun des films fait référence à la marque de glace) du réalisateur Edgar Wright et de ses deux partenaires Simon Pegg et Nick Frost. Après l’épouvante dans Shaun of the Dead, l’action dans Hot Fuzz, place à la science-fiction dans World’s End, traduit en français par « Le dernier pub avant la fin du monde ».

Six ans après la sortie de Hot Fuzz, le duo Simon Pegg / Nick Frost revient dans une comédie différente des deux précédentes à bien des égards puisque plus sombre et surtout plus mature que les deux autres volets de la trilogie. Ainsi, Simon Pegg délaisse ici le rôle du gentil bienveillant pour endosser celui d’un personnage manipulateur, menteur et souvent détestable tandis que Nick Frost campe un personnage mature, sobre et droit dans ses bottes. Enfin, l’histoire ne repose plus simplement sur le duo mais sur un groupe de cinq potes d’enfance se retrouvant 25 ans après le lycée, alors qu’ils ont tous la quarantaine.

Simon Pegg est Gary King, un quarantenaire souffrant de problème de drogue et d’alcool refusant de tirer un trait sur sa jeunesse et sur son personnage de jeune rebelle si populaire dans le passé. Son plus grand regret ? Ne pas avoir terminé, lui et sa bande, le « barathon », la tournée des douze bars de son village d’enfance à la fin du lycée. Bien décidé à corriger cette erreur et revivre cette soirée, Gary va tenter de réunir « les cinq mousquetaires » dans le but de terminer ce défi consistant à boire une pinte dans chacun des douze pubs de la ville jusqu’au World’s End, dernier de la liste.

Seulement voilà, les années ont passé et si Gary vie toujours ancré dans le passé en portant le même blouson noir, les mêmes lunettes de soleil et en conduisant la même Ford Granada, ce n’est pas le cas de ses anciens amis, tous intégrés à la société et au monde des adultes. La fameuse bande de Gary est constituée d’Olivier (Martin Freeman), Steven (Paddy Considine), Peter (Eddie Marsan) et enfin Andy alias Nick Frost, ex-meilleur ami avant qu’un événement passé ne les séparent.

La première partie du film, un peu longuette, consiste en la présentation des personnages, d’abord durant leur jeunesse puis dans leur vie d’aujourd’hui et se poursuit avec leur réunion dans la petite ville anglaise de Newton Haven (après que Gary est convaincu chacun de ses anciens mates un par un). Bien que l’humour soit déjà présent (mais moins que dans les films précédents) le véritable fun ne commence qu’après 30 minutes de film, lorsque l’on plonge brutalement d’une discussion mélancolique dans un pub à une bagarre délirante dans les toilettes. Cette bagarre sortie de nulle part bascule enfin le film dans la science-fiction au cas où nous aurions oublié ce que nous sommes venus voir.

Je ne rentrerai volontairement pas dans la nature de cet événement car même si la bande-annonce vend la mèche (probablement pour des raisons marketing) je vous recommande de ne pas la regarder afin de conserver la surprise comme je l’ai fait. Quoi qu’il en soit, cet affrontement hors du commun va alors beaucoup compliquer la soirée de notre groupe d’amis puisqu’en plus de devoir atteindre le World’s End, ils vont également devoir sauver leurs vies (et si possible l’humanité).

Même s’il nous offre de délirantes scènes de combat dignes de Scott Pilgrim (dont Nick Frost qui se bat tel un véritable catcheur professionnel), Le dernier pub avant la fin du monde reste un cran en dessous niveau rires et se concentre davantage sur la gravité cachée du personnage de Gary, incapable de grandir, et sur les traumas de ses camarades. Si le film est probablement le moins drôle de la trilogie, le rire reste au rendez-vous et les péripéties s’enchaînent suffisamment rapidement pour ne pas trop voir le temps passer malgré la longueur du film (presque deux heures).

Comme d’habitude truffé de références cinématographiques (Invasion of the Body Snatchers etc.), Le dernier pub avant la fin du monde en profite également pour dénoncer certains phénomènes s’attaquant au Royaume-Uni comme la multiplication des chaînes de pub ou le « Starbucking ». Les dialogues entre Simon Pegg et Nick Frost se font un peu trop rares et tous les personnages ne sont pas traités de la même manière puisque certains n’apportent que très peu à l’histoire comme Olivier (Martin Freeman) dont on aurait aimé un peu plus tandis que d’autres sont un peu plus gâtés comme Steven qui partage par exemple avec Gary un amour secret pour Sam (Rosamund Pike), la sœur d’Olivier.

Pour conclure, World’s End souffre d’un démarrage un peu lent, de quelques longueurs, d’un manque de sang et surtout d’humour en comparaison avec ses prédécesseurs (notamment de Shaun of the Dead puisque Hot Fuzz était déjà légèrement en dessous) qui incombe peut-être à la plus grande maturité qui se fait sentir tout au long du film. Nick Frost offre ici ce qui est peut-être sa meilleure prestation de la trilogie. Sérieux, sobre, responsable et même émouvant, il est rare de voir l’acteur dans un tel rôle. Simon Pegg quant à lui nous donnerait presque envie de lui mettre des claques (et il en aura) si certaines de ses répliques (cultes et cinglantes de vérité) et sa condition ne nous faisaient pas éprouver de la peine pour son triste personnage « qui a toujours raison ». Un peu en dessous des autres, Le dernier pub avant la fin du monde reste une convenable conclusion à la savoureuse trilogie Cornetto même si la fin de ce dernier film nous laisse un peu sur notre faim et nous fait rêver d’une suite qui ne verra surement jamais le jour.
MrAwesome
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le 9 août 2013

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