Dans l'Ouganda d'Idi Amin Dada les ados marchent au pas
J'aime l'Histoire et plus particulièrement celle du continent Africain au XXe siècle.
En manque de films sur le sujet, je me suis attaqué à ce film biographique quelque peu atypique: au lieu de se centrer directement sur son sujet historique, il se place du point de vue d'un personnage fictif proche de celui ci, en l’occurrence celui du jeune médecin Nicholas Garrigan.
La démarche, bien que déjà vue dans ce contexte, est habile, et permet de présenter Amin Dada à travers le prisme d'un personnage possédant des code sociaux et venant d'un univers connus pour le spectateur européen.
Le hic, c'est que ce personnage m'a fortement agacé tout au long du film: un jeune type faussement entreprenant, un peu trop confiant en lui, capricieux, effronté, fayot et naïf. J'ai eu du mal a ressentir de la sympathie pour lui, d'autant plus qu'il n'endosse jamais les conséquences et les responsabilités de ses actes.
Cependant, je reconnais que le personnage est bien écrit et que l'on arrive vite à le cerner, ce qui témoigne l'efficacité de son introduction.
Sa faiblesse face à la chair lui fait le plus défaut, et ce trait de personnalité est efficacement amené par le personnage de la femme médecin européenne au début du film. On comprend sans problème qu'un tel personnage soit fasciné par une figure de pouvoir arbitraire, figure toute puissante pouvant accéder à ses envies.
Le film est selon moi trop axé sur le personnage principal et sur son attachement avec Kay Amin que sur sa relation directe avec le dictateur. Les scènes vraiment intéressantes d'interaction entre les deux protagonistes restent malheureusement trop rares et éparses.
En outre, si on comprend que le but du film n'est pas tellement de parler du régime d'Amin Dada mais d'Amin Dada lui même, force est de constater que le basculement de personnalité du tyran s'effectue trop brutalement et prématurément. Dès lors, les mêmes ressorts de tension sont répétitivement utilisés: Garrigan est pris à parti par Amin Dada, lequel ressent la nervosité de son "singe blanc" et lui demande d'en expliquer la teneur... On a déjà vu plus fin.
Enfin, je pensais que le film donnerait une présentation plus ubuesque, extravagante ou romancée du tyran, que ce soit dans la forme ou dans le fond, dans les pitreries comme dans les horreurs. J'ai trouvé qu'au final, le film restait trop académique et conventionnel dans le traitement de cette personnalité.
Je tiens à mentionner que la scène du discours dans le village au début du film est vraiment réussie: Amin Dada y apparaît à la fois puissant, sympathique, suspicieux et énigmatique.
Le traitement du personnage de la femme médecin à la fin du film est également intéressant: elle détourne le regard de ce qu'est devenu le héros.
En définitive, je trouve que ce film constitue un film biographique honnête.
En attendais-je trop ?
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