1991 (année de sortie américaine du film) a été une année riche en blockbusters et ceux qui l’ont vécu s’en souviennent encore puisque c’est l’année de Terminator 2, meilleur volet de la franchise et l’un des films les plus marquants de la carrière de ce bon vieil Arnold. On retiendra aussi des films comme Robin des Bois Prince des Voleurs, Hook, le Silence des Agneaux JFK ou encore la Belle et la Bête.
C’était la bonne époque, celle des buddy movie à la cool qu’on louait au vidéo club sans vraiment savoir de quoi ils parlaient. Mais tant que Bruce Willis, Mel Gibson ou Schwarzenegger étaient sur la jaquette, ça suffisait amplement.

Le Dernier Samaritain est l’un de ces films. Celui qu’un pote vous prête parce qu’il est cool, et uniquement pour le plaisir. Si comme moi vous avez grandi dans les années 90, vous ne saviez alors pas vraiment qui était Tony Scott, juste un nom sur quelques affiches dont Top Gun et encore moins qui était Shane Black malgré son scénario mis en scène par Dick Donner avec Mel Gibson et Danny Glover quelques années plus tôt.

Mais à y regarder de plus près, Le Dernier Samaritain est un peu plus que cela : c’est la rencontre de quelques grands noms et donc forcément un film très réussi. Tony Scott d’abord, à la réalisation. Le metteur en scène de Top Gun s’est rapproché du producteur Joel Silver, tout juste remis du succès de l’Arme Fatale, pour ce film. Il livre une prestation honorable. Ce n’est pas encore le Scott de la grande heure, mais on sent que quelques idées titillent le metteur en scène notamment dans l’utilisation des filtres de couleur. Qui plus est, il gère parfaitement le rythme de son intrigue pour permettre au spectateur de ne pas décrocher pendant 1h40.

Shane Black ensuite. Le scénariste génial de Kiss Kiss Bang Bang a créé les personnages de Riggs et Murtaugh pour l’Arme Fatale et a manifestement envie de continuer sur sa lancée. Le personnage qu’il écrit pour Bruce Willis est en effet une sorte de mix entre L’Arme Fatale et Piege de Cristal. Joe Hallenbeck est un bon détective, bourru, qui aime picoler, qui a des problèmes de famille mais qui a aussi une tendance jusqu’au bout-iste à la limite du suicidaire qui n’est pas sans rappeler le premier épisode des aventures de Riggs. Le duo qu’il forme avec Damon Wayans fonctionne à merveille et on a droit aux meilleures lignes de dialogues jamais écrites dans un buddy movie.

Bruce Willis enfin est très à l’aise dans ce genre de rôle et s’amuse à jouer les anciens flics bien décidé à retrouver les assassins de son ex-cliente, le tout sur fond de drame familial. Le tout est souligné par une bande originale efficace signée du regretté Michael Kamen.

C’est bien de vengeance qu’il question dans cette histoire, et d’un enquêteur qui prend sur lui pour débusquer les meurtriers de Cory (Halle Berry tout jeune), une strip-teaseuse qui a des preuves incrimant un député. Il va s’encanailler d’une star déchue du football américain, petit ami de la danseuse et ensemble ils vont former un duo improbable. A vrai dire, et loin des clichés opposant généralement deux personnages, rien ne laissait penser ici que les deux héros pourraient former un tandem si efficace tant leurs deux univers semblaient de prime abord si éloignés.
Le seul défaut du film vient de la présence de la fille du héros, personnage apparaissant au milieu du film et qui ne va servir que de monnaie d’échange et autre otage pendant la dernière partie. On sent ici que Black s’est un peu enlisé dans son histoire et qu’il cherche un petit quelque chose pour relancer son intrigue, un problème supplémentaire. Ca fonctionne mais l’ensemble est moins fluide qu’au démarrage.

Classique dans sa forme autant que sur le fond, Le Dernier Samaritain fonctionne surtout grâce au talent d’écriture de Shane Black, à ses personnages réussis et au rythme choisi par Tony Scott pour raconter son histoire, alternant régulièrement scènes d’actions et de dialogues. C’est ce qu’on appelle désormais un blockbuster “à l’ancienne” et c’est bien dommage de ne plus en voir.
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le 23 août 2012

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