Le Dernier Voyage: Une déception encourageante

68eme film de l'année 2021 et nouveau film de SF français pour cette année, à croire que le cinéma français s'est réveillé et ose!

C'est un excellent point mais malheureusement moi qui aurais tant aimé adhérer à ce film sachant que je tente de soutenir à chaque fois justement ce genre d'initiative comme le film "Méandres" en salle actuellement, je me suis retrouvé hélas devant une relative déception malgré des ambitions évidentes de l'auteur dont c'est son premier long métrage. Ceci peut expliquer cela.

On suit l'histoire se passant dans un futur proche, d'une mystérieuse lune rouge exploitée à outrance pour son énergie qui change brusquement de trajectoire et fonce droit sur la Terre. Paul W.R, le seul astronaute capable de la détruire, refuse d’accomplir cette mission et disparaît. Traqué sans relâche, Paul croise la route d’Elma, une adolescente au tempérament explosif qui va l'accompagner dans sa fuite.

La chose qui frappe, c'est les énormes ambitions qu'à le réalisateur/scénariste à travers son métrage tant celui-ci tente d'étendre au maximum son Lore, a multiplié les effets spéciaux, plans ambitieux, valeurs de plans pour essayer de proposer quelque chose au niveau de la direction artistique atlantiste que l'on a l'habitude de voir sans toutefois avoir le budget de ses ambitions pour le faire et c'est là que le bas blesse.

Contrairement aux réalisateurs d'"Arès", "Méandres" voir "Oxygène" dont ces derniers sont bien conscients du caractère limité de récit possible à l'écran, adaptant donc leurs grammaires cinématographiques en conséquence, ici il n'en est rien car ce dernier fait comme ci ce n'était pas le cas, filmant comme les "grands" mais cela montre très souvent ces limites appauvrissant au passage la qualité globale du métrage.

En souhaitant complexifier/densifier son métrage, ce qui est louable en soi, le plutôt bon côtoie le mauvais/très limite d'assez prêt provoquant de facto des écarts de niveaux flagrants laissant le film trop inégal pour être impactant.

Au niveau de l'histoire, elle est très simple même si elle essaie par moment de faire faussement style avec comme trame de fonds le message habituel-mais nécessaire- écologique sans pour autant être clair, le déroulement de l'intrigue étant pour moi emprunter et malmené. Je n'ai personnellement jamais cru au mécanique de l'intrigue, jamais vraiment été investi sachant que ma suspension consentie de crédulité était souvent malmenée.

J'ai souvent eu l'impression que Romain Quirot hésitait trop souvent entre le symbolisme philosophique et faire un classique film de SF. N'arrivant pas à choisir, il tente de faire les deux mais sans succès selon moi.

C'est paradoxalement celui qui tente le plus parmi les productions récentes qui en fin de compte réussi le moins. La maxime "mieux vaut très bien faire quelque chose de réduit que mal faire quelque chose de grand" prends tout son sens.

D'ailleurs le rythme de narration ne m'a pas convaincu, je me suis même surpris à trouver le temps long alors que de base, c'est un film 1h27, c'est dire!

Au niveau des personnages, je les trouve assez mal caractérisé ou en tout cas, je n'éprouve aucune empathie, aucun attachement envers eux notamment le personnage de Paul W.R ni son frère dont je vous avoue que je ne saisis pas totalement ses motivations voire faits et gestes.

Les acteurs alternant entre le moyen et le moyen-moins.

• De voir Hugo Becker avec son faux air d'Olivier Giroud malmené par la société à la veille de l'Euro 2021, j'ai trouvé cela un peu cocasse^^ Fin de la parenthèse de footeux.*

Au niveau visuel, il est à noter qu'il y a une assez bonne photographie grâce aux paysages panoramiques, des décors post apocalyptique intéressants peuplés par ses robots, voitures à suspension magnétique et autres accessoires futuristes ou encore grâce au chara-design des traqueurs assez sympa donnant un certain cachet à l'image permettant au passage pour le réalisateur de s'octroyer tout de même de beaux plans (en noir et blanc sur la plage, dans l'environnement désertique pendant les heures magiques).

De façon plus globale, le réalisateur a semble vouloir se rapprocher beaucoup du cinéma de Neill Blomkamp (District 9, Elysium, Chappie), du film "Arès" ou encore de "Blade Runner" même si la partie SFX n'est pas au niveau tout le temps. Idem pour l'enchainement des séquences et la variété des plans.

Au niveau sonore, c'est de même très hétéroclite tant les choix sont parfois déroutant au niveau de la BO (écouter du Eddy Mitchell dans de la SF est tout de même déroutant d'autant plus avec le choix de la musique La fille aux yeux menthe à l'eau^^) même si le bruitage et mixage reste de bonne qualité.

En résumé, c'est un film qui n'a pas les moyens de ses ambitions alternant entre le moyen et moyen-moins tout le temps et sur tous les plans rendant le visionnage ennuyeux sans vraiment réussir à fournir un message ou une émotion satisfaisante. Cependant, tout n'est pas à jeter, sachant que c'est un premier film, je me permets de mettre la moyenne afin de soutenir ce genre d'initiative en espérant que cela s'améliore avec le temps.

Pour soutenir l'initiative et pour les curieux.