Le Dernier des hommes raconte une fable plutôt convenue mais souvant amusante et portée par une musique engagée. Le film est lent et un peu long, le jeu du vieux portier est à la fois caricatural et émouvant, son dos semble raconter la moitié de l'histoire, son visage l'autre. Et pourtant, on passe un bon moment.
Si l'histoire n'a pas grand chose de révolutionnaire, il y a des sens cachés qui sont difficiles à retrouver : d'une part une critique de l'armée - en passant par l'uniforme du portier plutôt que celui des militaires - ainsi qu'une critique sociale - à tendance mysogyne. Je n'ai pas repéré ces messages seul, j'ai eu recours à quelques recherches. Voilà qui peut enrichir la compréhension d'une oeuvre qui fait l'économie de mots.
Les techniques de cinéma sont aussi à la fois étranges et familières. Les traveling et autres techniques sont devenues normales pour nous, cependant les effets lorsque le personnage rêve ou qu'il est saoul, sont assez inattendus et parfois semblent expérimentales pour l'époque, tant elles sont en cours de maîtrise. L'ensemble reste théâtrale, voire expressioniste, avec des passages plutôt réalistes (la première scène sous la pluie, par exemple).
Un beau film qui m'a ému et que je conseillerais volontiers.