Sortir une tirade sur le plus grand dictateur du 20ème siècle, en pleine Seconde Guerre Mondiale, il en faut du culot, ou alors n'avoir rien dans le ciboulot. Cependant, c'est pas bête, car au moins le buzz est assuré à sortir un film comme ça en 1940, donc un moyen sûr pour "The Tramp" de faire trempette dans une piscinette de pépètes.
Tout commence avec un barbier Allemand combattant lors de la Première Guerre Mondiale, et là... c'est drôle ! Mais pas que. Car le film n'est pas qu'une simple comédie, loin de là, c'est aussi un drame, une critique profonde de cette époque, une accusation sur l'Homme.
Car le juif ou le simple citoyen, soldat est montré comme un froussard. Et c'est mis en avant dès le début de film quand le barbier déserte le champs de bataille, pour finir dans un avion avec un officier allemand, pour une scène épique.
En fait chaque apparition du barbier est délicieuse, autant sur la plant comique que dramatique.
La séquence du retour en "Tomania" est particulièrement dur, cette altercation avec les autorités allemandes.. euh tomanienne, pardon, a beau offrir un affrontement exquis, ça n'en demeure pas moins démoralisant quand on pense à ce q'on vécu ces pauvres youpins.
Mais le tout est arrangé pour faire rire un spectateur qui en avait sans doute besoin à cette époque et encore plus tard. Chaplin nous montre tout sa palette de styles comique maîtrisés. Avec son fameux Comique de Gestes tout d'abord, avec la démarche très singulière inspiré de son personnage "Charlot". Ou encore le Comique de Situation lors du retour dans le monde réel de notre héros, qui se retrouve pris au dépourvu, ou encore avec ces retrouvailles avec l'officier Papa Schultz. Triste réalité n'est-ce pas. Puis enfin le Comique de Mots... apparaissant avec le personne de Hynkel.
Hi Hynkel ! Aïe, une colle ! Et c'est là que ça pèche, l'humour y est beaucoup moins réussi, et la critique est toujours présente mais bien moins subtil. Ces discours dans une langue fictive, bizarrement très proche de l'allemand, traînent en longueurs où le simple rire se résume par des toussotements ou une traduction inattendue. On a quelques plans cool avec le passage du Globe semblable à un ballet sans dialogues. Où se mêle paradoxalement tendresse, féerie, légèreté, lenteur puis passion et folie pour un monde qui éclate. Ce qui montre que la folie peut se cacher dans n'importe quel homme d'apparence normal ? Ne pas se fier aux apparences. Folie accentuer tout le long du film avec des monologues de Hynkel qui s'énerve tout seul.
Alors oui, c'est intéressant mais cela reste un soupçon ennuyeux quand même. Comme la majorité de cette deuxième partie où on retiendra essentiellement, la scène des gâteaux, très drôle, qui montre une nouvelle fois le manque de courage de la population. Où plus on attend pour agir, plus le sacrifice paraît grand.
Quant au fameux discours final mythique, tant adulé, véritable message de paix destiné à l'humanité. Ok c'est malin, et émouvant. Cela reste tout de même naïf pour ce qui aurait dû être un discours "improvisé" dans le contexte du film, mais n'en demeure pas moins poignant et émouvant qui ne démérite pas son statut de culte.
Chaplin nous offre plus qu'une comédie, mais une véritable satire révolutionnaire réussie, mais qui s'attarde un peu trop sur le côté politique. Cependant, le barbier reste un des meilleurs personnages de Charlie, qui excelle toujours dans l'art de se glisser n'importe où : dans le coffre, dans le tonneau, ou encore dans la resplendissante voisine courageuse armée de sa poêle.
PS : Il reste dans ce film une critique très pertinente que la majorité n'a pas su prêter l'attention nécessaire, et c'est dommage car il s'agit d'une condamnation importante qui pourrit l'homme depuis l'éternité. Cette accusation est trouvable lorsque notre barbier s'improvise coiffeur pour dames, alors que celui-cit fait la barbe à son amie, cette dernière ne peut s'empêcher de fermer sa gueule. C'est là, qu'est le problème le moins montré, mais le plus crucial, le souci qui pourrit les hommes depuis toujours et qui persiste aujourd'hui, c'est bien le dialogue abusif avec ces femmes. Et faut se battre pour changer ça, satanées gonzesses.