Je Te Trompe, Tu me Trompes… par la Barbichette !

Pontagnac n’a pas son… cœur dans la poche. Et n’hésite pas à régulièrement le sortir dès qu’il voit une belle femme dans la rue. Manque de pot pour lui, la dernière, Victoire, est l’épouse d’un de ses vieux amis, René Vatelin. Elle est d’ailleurs courtisée par Ernest à qui elle a juré d’être sienne que si son mari la trompait la première… ce qui d’ailleurs risque d’arriver avec la présence du couple Wayne, des amis de René et dont il a eu une relation amoureuse avec la femme, Suzy. Cette dernière exige qu’il le retrouve cette nuit dans une chambre d’hôtel parisien. René accepte, ignorant qu’il s’apprête à trouver au même endroit Ernest, son ami Wayne, Victoire accompagnée de Pontagnac (qui veut prouver l’infidélité de René) et la femme de ce dernier, Clothilde (bien décidée à prouver l’infidélité de son mari)…
Dans ce joyeux vaudeville, librement adapté de l’œuvre de Feydeau, on rit beaucoup. Jalil Lespert a fait le pari de tout replacer dans les années 60, époque où la question de l’infidélité conjugale pouvait encore marcher, tandis qu’au même moment la révolution sexuelle commençait à avoir lieu et permettait bien des choses…
Avec sa caméra, Lespert va donc dépeindre avec énergie, cette ambiance, dans des plans d’ensemble bien ficelé et parfois des plans plus serrés pour montrer les expressions des personnages ou… des moments plus « olé ». Il ne va aussi jamais manquer de respect à ses personnages et, grâce à la jolie palette d’acteurs qu’il a trouvée, il réussit à leur donner leur petit moment de tendresse.
Avec le changement d’époque, un vrai travail d’adaptation s’est fait, que ce soit au niveau de la technologie, des placements de produit (coca-cola) aux répliques ajoutées pour faire plus modernes. J’ai même cru voir des touches assez féministes pour gommer les répliques qui auraient pu être jugées borderline (comme par exemple, Pontagnac sort qu’une femme suivie doit toujours se sentir complimentée… pas sûre que ça aurait été bien pris si Victoire n’ajoutait pas une remarque sur le sujet) aujourd’hui. Après, ayant lu la pièce de Feydeau, il y a longtemps, j’avais parfois du mal à voir quand ils avaient modifié les phrases. Il me semble néanmoins qu’il y a une ou deux scènes qu’ils ont coupés ou écourtés… pour ajouter des détails bienvenus comme la relation gay entre la réceptionniste et la prostituée.
Ce que j’ai toujours aimé avec Feydeau, c’est qu’il traite les femmes et les hommes sur un même pied d’égalité : en gros, selon lui, tout le monde peut décider de coucher avec quelqu’un d’autre que son mari/épouse, s’il en a l’occasion. Votre sexe ne renforcera pas une quelconque inclination pour la chair, par rapport à l’autre. Et ça fait du bien d’avoir de temps en temps un spectacle entre les mains où la femme n’est pas une salope inconstante et superficielle (Coucou, Mozart et ton Cosi fan Tutte)…
L’adaptation fait justement en sorte qu’on n’oublie pas ça, tout en oubliant pas de nous faire rire à gorge déployée. Je n’ai que peu de mots pour décrire cette adaptation mais franchement, c’est un bijou de comédie à aller voir rapidement.

RaphaëleMartinat
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le 27 sept. 2019

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