Le train-train des cheminots italiens
Moins connu que ses homologues De Sica, Rossellini ou Visconti, Pietro Germi n'en demeure pas moins une figure importante du néoréalisme italien, surtout pour ses premiers films.
Son "il ferroviere", qu'il citait d'ailleurs comme son film préféré, en est sans doute le plus bel exemple. Giermi se met lui-même en scène comme père de famille cheminot qui, suite à un accident, perd son emploi. On retrouve un peu l'ambiance du Voleur de bicyclette de De Sica, avec le jeune fils qui, d'abord en admiration devant son père, le regarde ensuite sombrer avec impuissance et incompréhension.
On sent Pietro Germi très investi dans son rôle de père autour duquel gravite une famille qui se désagrège petit à petit. Le jeune Edoardo Nevola est très juste comme cadet de la famille qui se retrouve, sans avoir rien demander, à récolter les confidences de tout le monde mais ne pouvant en parler à personne. Il aimerait déjà être adulte pour enfin comprendre quelque chose à tout ce qui se trame dans son entourage. Sylva Koscina est sublime et joue la fille en conflit perpétuel avec son père. Luisa Della Noce, qui joue la "Mama", est bouleversante elle aussi en mère au foyer aimante qui ne prendra jamais parti.
Avec sa description minutieuse des conditions de travail et de vie des cheminots et ce portrait intime des liens familiaux, Il Ferroviere n'a rien à envier aux grands Classiques du néoréalisme italien.
Pietro Germi signe ici une bouleversante chronique de l'Italie ouvrière, avec un final splendide et rempli d'humanité.