Pour son premier film noir, Melville n’hésite pas à recourir à tous les clichés du genre : les impers, les chapeaux, les clubs, le jazz, les p’tites pépées, les belles voitures, le jeu, le code d’honneur. Tout cela est misogyne à souhait mais peut-être est-ce inhérent au genre ?
Le scénario souffre aussi de quelques faiblesses : on comprend mal que Silien en fasse autant pour son copain Maurice, c’était un saint en fait ? On admet mal aussi que des voyous aussi aguerris que Nuttecchio et sa bande se fassent dézinguer aussi facilement.
Mais le film recèle aussi quelques pépites :
- la première scène, qui s’achève avec cette lampe qui balance, est de toute beauté
- le premier plan de Silien à contrejour avec son chapeau, auquel répond celui de Maurice à la fin, qui lui coûte la vie
- les deux scènes de miroir (l’une des signatures de Melville), l’un de Maurice dans une glace brisée, l’autre de Silien dans ce miroir serti d’un soleil
- le fameux plan séquence virtuose du commissariat, quand le commissaire interroge Silien
- le plan de la main qui tend le téléphone à Maurice dans le bar à la fin, lui annonçant que le contrat sur la tête de Silien est en cours de réalisation
- toute la scène finale, s’achevant par le chapeau qui tombe sur le tapis, très bien montée
- d’une manière générale, les comédiens sont épatants, à commencer par le quatuor principal Belmondo-Reggiani-Desailly-Piccoli.
Quelques plans ont moins bien vieilli, comme les scènes de voiture avec un film de ville qui défile derrière.
Pas le chef d’oeuvre qu’on vante souvent à mes yeux, mais un film à voir, certainement.