A Time To Kill est l'exemple d'un livre et d'un film qui marchent ensemble. Laissant juste la bonne place à l'écrivain, Schumacher parvient à concevoir un véritable roman interactif où chaque acteur a autant sa place que le moindre élément d'intrigue. Mais est-ce un bien ?
La conséquence est à attendre : le sentiment qu'il y a parfois du bourrage d'idées. Difficile de faire autrement quand on manie simultanément un prétoire, la vie de famille, la politique, la morale, un drame et un récit qui se veut satisfaisant à lire comme à voir. Schumacher manque de peu faire un film qui combinerait une épopée judiciaire jouissive à un drame bien épais où la satisfaction, coupable cette fois, serait de voir les protagonistes surmonter une pluie d'épreuves injustes.
Ces limites qu'il faillit à transcender ne l'empêchent pas de savoir tout contrôler à la fois, un peu comme s'il était écrivain lui-même. Et pour cause, souvent il semble simplement surligner le roman, lui donner une substance sans partir du principe que le lecteur en était démuni. C'est de ce principe que partirait un adaptateur comme Darabont, mais Schumacher préfère révéler que substituer.
En conséquence, le film n'est presque pas assez film. Il semble se contenter d'être l'image et le scénario sa légende, et c'est à se questionner sur les mérites qu'il faut accorder, et à qui, pour parler de l'œuvre comme il se doit. Best-seller devenu best-screener, l'œuvre est brillante à bien des égards et surtout pour l'intégration d'un casting fantastique qui, lui, a droit à tous les éloges les plus cinématographiques. Mais n'en est-ce pas, justement, le seul aspect purement cinématographique ?
Chef-d'œuvre timoré, le film est le frère siamois du roman. Difficile dès lors de les séparer en quelques mots, et surtout de savoir à qui les adresser.
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