Je hais ce film ! Ou alors je l'aime...ou alors je le hais...ou alors...

Parmi mes abonnés de longues dates, il y a soit la rumeur, soit la confirmation que je déteste un certain film de toute mon âme pour des raisons que j'ai laissé plus ou moins obscurs. Et je le confirme, il y a UN film que je hais plus que Arthur et la vengeance de Maltazard, plus que tous les films Europacorp réunis.
Ce qui fait la différence de cette haine, c'est que toute ma vie, j'ai trouvé ce film surestimé et vraiment détestablement niais au possible, cucul la praline et ridiculement crétin. Et ce film c'est: Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (regardez ça, ils nous mettent chaque premières lettre au majuscule en plus).


J'ai toujours donné des arguments critiquables pour justifier ma haine de ce film. Mais je vais vous raconter réellement pourquoi je le déteste. J'étais gosse quand ce film est sortit. Et si vous avez vécu en 2001 (heu..) et bien vous saurez que ce film a eu un marketing monstrueux pour ne pas dire pervers. Alors moi petit garçon mal éduqué aux croyances ridicules comme quoi les trucs pour filles sont le mal incarné, je vous laisse deviner mon état de pensé devant cette chose à l'époque à moi qui n'était même pas encore cinéphile. Et avec tout ces prix qu'il a reçu, ce marketing, cette guimauve...bah voilà je pense que vous avez compris. Ce film a harcelé ma jeunesse !
(et cette affiche qui me souriait me faisait plus l'impression d'une provocation qu'autre chose).


Je refusais tout simplement de croire que ce film a pu avoir du succès tellement il est ridicule (au présent parce que c'est le cas, ce film est ridiculement drôle). Et je ne l'avais jamais vu avant l'an dernier pourtant (par curiosité), et même après ça, je le déteste encore. Mais cela se rapprochait plus de la haine forcée car je comprenais pourquoi il avait du succès malgré sa niaiserie à faire chier des arcs-en-ciel. Là je viens de le revoir, et pourtant je le déteste toujours (je crois...), vous savez pourquoi ?


Parce que là, c'est une haine de frustration. Je déteste ce film, pas parce qu'il existe, mais parce que je me retrouve devant un film que je ne peux pas détester. Et pourtant je veux le haïr ! Je le hais pour ça...(c'est compliqué je sais, je suis plein de contradictions). Et maintenant, cette affiche souriante me provoque encore plus !


Alors, que dire d'Amélie Poulain ? Une psychopathe qui arrête pas de se soucier de la vie des autres sans leur demander leur avis parce qu'elle a eu une vie de merde. Et là encore, elle est à l'image de l'impression que j'ai pour le film: j'arrive pas à la détester ! (et pourtant je veux la haïr !) Elle qui a eu une enfance troublée par des malentendus et des accidents sans queue ni tête (t'as juste envie de torturer la crétine qui s'est suicidé depuis l'église), elle est devenue une psychotique qui fait flipper à parler face caméra d'une voix fluette, et à imaginer les gens avoir des orgasmes (Putain ! Mais appelez l'asile !).
Et frustrée d'avoir une vie de merde, elle décide de se mêler de la vie des autres en les aidant pour satisfaire son besoin égoïste de bonheur...Comme quoi, l'altruisme cache le côté obscur (je vous l'ai dit "plein de contradictions").


Et on se retrouve dans un Montmartre orangé (comme les lettres remis à la fontaine Wallace qui ruisselle à en faire une colère chiadée) comme si un virus l'avait changé en orangeade sucrée où la frustration et la colère sont transmis non pas par le film mais par moi spectateur unique en mon genre. Toute la mise-en-scène de Machin Jeunet fait son effet puisque le tout premier plan le montre, un monde idéalisé où les pensées négatifs n'ont pas cour, une simple mouche innocente se fait écraser par une bagnole.
Et là vous me dites: "Mais c'est pas logique, tu détestes ce film mais tu trouves ses techniques géniales ?".
N'as tu pas lu jeune cinéphile en herbe ? Je le déteste, mais objectivement je suis forcé de le trouver bon...mais je le hais ou alors je l'aime bien, ou alors j'aime le détester !


On a tous un mode de pensé différent face à un film. Et l'effet que ce film a sur moi est le suivant: Moi qui déteste ce film sans l'avoir vu depuis ma plus tendre enfance sans raison, je le regarde et je le hais car le film m'en donne une raison de le détester dans sa forme où je ne peux pas le détester. Pour les petits qui ne comprennent pas, en gros:
" Film être volontairement détestable pour moi, car film être fait pour que moi détester car film volontairement trop niais et sans côté obscur pour que moi équilibrer ça avec mon côté obscur durant visionnage ".
De ce fait, il ne montre que des sentiments positifs (joie, euphorie, sucré, orangeade, bla bla bla), mais cette mouche écrasée me dit que le film l'est volontairement pour éveiller en moi uniquement mes pensées négatifs, car le film laisse transparaître subtilement. C'est tout un travail du cervelas que je dois me faire. Si le film montre des gens harcelés par leur boss, une femme harcelée par son ex, ou un père trop débile pour s'occuper de sa fille, et tout plein de moments où il faudrait appeler les flics sans que personne ne fasse rien, c'est à moi et moi seul de le trouver détestable. Et cela...je le considère comme un bon point.


"Mais ça alors ? Veux-tu dire que ce film t'a frustré et que c'est bien ?"
Mhm...c'est très simplifié dit comme ça mais t'as qu'a y penser si tu as une flemme du cerveau.


Je le déteste ce film, mais c'est ce que le film a réussi car il n'a visiblement pas été fait pour montrer une vision idéaliste, nazi, sucrée au point d'en être indigeste de Montmartre involontairement. Le parti-pris de J.P Jeunet a marché de ce côté-là.


Quant au visuel de carte postale très mensonger, là aussi vraiment bien fait. Le tout est très bien rythmé, les personnages définis (j'avais juste une cruelle envie de leur coller des baffes et d'appeler les flics pour les jeter en hôpital psychiatrique où se trouve leur place, mais qu'est-ce qu'on se marre HA HA !). Amélie Poulain en fille au verre sur tableau tellement mimi et flippante, Nino Kassovitz tellement pitoyable, Pinon tellement crétin et salopard, Jamel Debbouze tellement...James Debbouze, le père de la pouliche en mode "j'ai envie de le buter", et tout le reste de la populace salope qui préfère ne rien glander plutôt que d'appeler les flics devant des cas évidents de harcèlement et de vandalisme.


Le reste est ponctué d'artifices très ridicules et anti-subtils comme des effets spéciaux en CGI encore plus diabétique que le film lui-même. Mais le film n'en abuse pas tant que ça et c'est bien du moment que ça sert le propos.


Ah et la musique est pas mal. ^^


"Mais attends ! Tu l'aimes ou tu l'aimes pas ce film ?"
Mais t'écoutes rien p'tit con ! Je te dis que je hais ce film, peut-être une rémanence de ma vieille haine enfantine parce que je suis trop fier pour admettre que je l'apprécie, peut-être que c'est bel et bien le film qui m'énerve volontairement pour être bon, ou peut-être que je suis juste un taré qui s'est mis à imaginer son propre monde de pensé d'un film bizarroïde libre d'interprétation infinies, ou alors les trois à la fois !
Mais sache une chose p'tit con (ou p'tite conne j'ai oublié ton nom), subjectivement, il se pourrait que je le déteste (ou que je l'aime, plein de contradictions je te dis, comme ce film) mais objectivement...il est bon. Et en tant que cinéphile je dois m'asseoir sur ma subjectivité pour parler de ce film sans passer pour un gland. Et objectivement, je suis obligé d'admettre qu'il est bon.


Et qui sait, peut-être qu'un jour en le revoyant, il se pourrait que je l'aime complètement ce film. Que je puisse avoir du recul pour admettre mes torts, et même enfin le considérer avec la mention "chef-d'oeuvre" que le public semble lui donner. Après tout, je suis plein de contradictions. Et puis un film offrant autant de niveaux de lecture avec tout pleins d'éléments pour te donner une nouvelle vision, tu ne vas pas faire la fine bouche.


Et puis que je l'aime ou pas, ça reste plus louables un film qui ose quelque chose avec un style plutôt qu'une comédie merdique Française que les p'tits cons ont l'habitude de regarder ;)


(Je rappelle que ma critique a des traits humoristiques volontaires, il n'a jamais été question de vous faire offense de quelques façons que ce soit. Je rappelle aussi que mon impression est hautement personnelle et que chacun a un mode de pensé différent devant un film et que je suis probablement un cas très isolé).


Allez, comme je suis sympa, tu n'as qu'à te tenir à ma note. Salut p'tit co...p'tit cinéphile en herbe.

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le 11 avr. 2016

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Housecoat

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