Dès le début, et contrairement à la police, on connaît la vérité, on sait que Henry Fonda est innocent et on se doute aussi du long calvaire qu'il s'apprête à subir. Adapté d'un fait-divers réel, Hitchcock nous montre peu à peu tout ce que va subir cet homme suite à une simple et bête erreur judiciaire.


C'est la seconde fois que j'ai l'occasion de visionner The Wrong Man et c'est toujours la même chose qui me frappe en premier, à savoir le regard et le jeu d'Henry Fonda. Cette façon d'incarner l'innocence même et d'intérioriser son jeu pour mieux en faire ressortir les émotions ainsi que de nous faire passer par les mêmes sentiments que son personnage et de nous faire ressentir de la pitié pour lui à l'image de ce regard de chien battu qui ne m'a jamais laissé indifférent. Cet acteur est époustouflant, ça ce n'est pas nouveau mais en voici une nouvelle preuve.


Hitchcock délaisse ses habits de maître du thriller pour rentrer dans le drame social mais retrouvant par la même occasion un de ses thèmes favoris et qui le suit depuis ses débuts anglais, à savoir l'homme normal et innocent, celui dans lequel quiconque peut se reconnaître, accusé à tort. Pourtant, et malgré la répétition de ce thème, il arrive encore à surprendre, ici c'est par la froideur et l'obscurité qui sévissent sur son récit. Prenant parfois des allures de documentaire, The Wrong Man bénéficie de la justesse et sobriété d'Hitchcock, ce dernier se concentrant vraiment sur le sort d'Henry Fonda et ce que ce dernier s'apprête à vivre, sachant nous faire passer par les mêmes émotions que lui sans pour autant tomber dans le misérabilisme.


La force du film se trouve aussi dans la façon dont Hitchcock montre les répercussions de l'affaire sur la vie privée d'Henry Fonda, notamment sa femme (excellente Vera Miles). Plus le The Wrong Man avance, plus c'est immersif alors que la tension se fait de plus en plus forte. Usant d'une très sombre photographie en noir et blanc, Hitchcock se montre sobre et remarquable derrière la caméra et nous offre des scènes très marquantes à l'image de l'humiliation provoquée par une fouille au corps ou lorsque Henry Fonda voit ses proches sombrer dans la folie, c'est dans ces moments-là que l'on ressent toute la force du récit et qu'il arrive à prendre aux tripes. Le maître du suspense nous interroge aussi sur la justice et dans le même temps justifie son surnom, notamment sur le sort que va connaitre son protagoniste et la finalité de l'affaire. Quant à la reconstitution, elle est excellente, sachant nous immerger au cœur de l'oeuvre.


Entre colère, frustration et injustice, le metteur en scène de Psycho réussit son coup et nous fait passer par tout un panel d'émotion en nous immergeant dans la vie d'un extraordinaire Henry Fonda.

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le 29 août 2016

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Docteur_Jivago

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