Bon alors je n’sais pas si c’est très utile de l'préciser, mais c’est absolument n’importe quoi ce film. Mais c’est aussi plein de tendre et bienveillante poésie, propre à toute cette partie de l’ère “Shôwa” de la franchise, quand le lézard géant avait délaissé son apanage de roi de la destruction de masse pour endosser les guêtres d’un Casimir enclin à faire le bonheur des plus jeunes par moultes pitreries et autre tortillements de son ample séant.


Comme toujours, il suffit ici de raconter le scénario pour atteindre en quelques secondes les hauteurs magnifiques de ce que peut nous promettre un tel film. Sur une île en pleine canicule, des scientifiques pratiquent des expériences climatiques pour se jouer des ardeurs météorologiques et exploiter les terrains déserts du monde, en vue de les cultiver et nourrir une population en constant accroissement. Ces expériences, saupoudrées de quelques radiations, font que tous les bestiaux du coin sont atteints de gigantisme défiant toute raison. Encore des bonnes intentions à la con.


Un jour, alors qu’une mante religieuse grosse comme deux immeubles jouait avec un gros caillou (une petite montagne), elle tombe sur un œuf qui se révèle contenir le petit qui fait le titre du film.


Bon alors oui, c’est une enfilade d'idioties sans limites, et on place d’emblée ce chef d’oeuvre sur le trône doré finement ciselé des plus beaux nanars à mandibules, mais ce bordel est aussi le terreau fertile pour ces scènes qui font toute la sève de cette période plantureuse du kaiju-eiga sans honte ni loi.


Il y a des mantes religieuses titanesques livrant un combat sans merci à une montagne d’écailles obèse, une araignée géante tentant de dévorer tout être mouvant peuplant l’île, des scientifiques émerveillés de lâcher des ballons explosifs dans les airs pour transformer un terrain tropical en glaçon (et buter toute la faune locale au passage, ce dont ils semblent n’avoir rien à branler), ou encore Tarzan (mais en femme japonaise) qui crèche avec les monstres, joue avec des lianes dans la jungle, et lance des fruits démesurés dans la gorge du bébé roi des monstres ben-aise. Et surtout, il y a cette merveilleuse scène où Godzilla, être de savoir forgé au combat, s’emploie à éduquer son fils en donnant tout ce qu’il a de plus doux, bienveillant et raffiné.
A ce titre, il faut le voir signifier à sa progéniture qu’elle risque de se prendre une bonne tarte dans sa gueule si elle refuse de s’entraîner à faire bouillir de l’eau en crachant des rayons atomiques bleus par le gosier.


Inutile de préciser que tout cela est nimbé d’une beauté ineffable, d’un lyrisme majestueux, où l’éducation d’un père pour son fils trouve une intensité rare. Un portrait idyllique et mélancolique prenant son apogée dans une ultime étreinte familiale sous une neige empreinte d’un paisible tourment.

zombiraptor

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