Par ce titre racoleur destiné à l'international, le cinéma coréen nous livre ici sa nouvelle pépite. Tout nouveau dans le paysage cinématographique, Lee Won-tae réalise son deuxième film. Le premier ayant atterrie en Amérique sans passer par la case Europe (du moins la France).


Le gangster, le flic et l'assassin rappel les dernières grandes heures du cinéma hongkongais (Infernal affairs, Time and tide, ...) et réussit un jolie tour de force en alliant fait divers, mafia coréenne et défaillance des forces de l'ordre. Les inspirations du film ne s’arrêtent pas là. Ne pas citer Memories of muderer, oeuvre matrice, serait malhonnête. Cependant, ici le metteur en scène ne tente pas de singer le chef d'oeuvre de Bong Joon-ho, il traite le fond à sa manière.


Chacun des trois personnages, bien distincts par leurs univers respectifs, par leurs ambitions et convictions, amènent une diversité bienvenue dans un récit bien écrit. Il n'est pas impossible de voir s’entremêler des émotions aussi nombreuses que variées. Éprouver de l'injustice, du rire et du dégoût dans une même scène n'est pas rare. Tous ces aspects sont suffisamment bien équilibrés pour éviter de perdre le spectateur dans un film qui parle d'un tueur en série.


Comment perdre le spectateur quand le récit, d'une efficacité redoutable, avance à un rythme maîtrisé et prenant, tenant en haleine jusqu'à son dernier plan. Ce film n'est pourtant pas un film d'action, comme s'en targue l'affiche française. Non, c'est un polar déchaîné qui va au bout de ses idées et n'hésite pas à remettre en cause certaines instances du pays du matin calme. Corruption, gestion de crise calamiteuse par la police, carences de la justice, l'Homme et le système créateurs de monstres...


Lee Won-tae nous réjouie de sa mise en scène tout aussi efficace que son récit avec de superbes plans, autant dans les moments plus posés que dans les quelques scènes de combats. Combats musclés parfaitement chorégraphiés et lisibles. Le trio de personnages portant le film sont incarnés par d'excellents comédiens et des gueules d'acteurs comme on en voit rarement, surtout celle de Ma Dong-seok (découvert en France dans Le bon, la brute et le cinglé et retrouvé dans Le dernier train pour Busan). Avec son regard monstrueux, il arrive pourtant à nuancer son jeu le rendant aussi touchant que terrifiant. Kim Seang-kyu en "assassin" est excellent et flippant et Kim Mu-yeol en flic intègre, mais anti-conformiste est surprenant.


Malgré quelques facilités narratives permettant à l'histoire d'avancer plus simplement, on retiendra de ce nouveau film coréen ses personnages, son récit et sa mise en avant de ce qui ne va pas dans le pays. Le gangster, le flic et l'assassin est une oeuvre aussi captivante dans le fond que jouissive dans la forme.

MassilNanouche
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le 20 août 2019

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Massil Nanouche

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